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White Van Music
7.3
White Van Music

Album de Jake One (2008)

Rares sont les albums de producteur qui réussissent à maintenir la dragée haute du début jusqu'à la fin, surtout lorsqu'il s'agit de la première tentative de celui-ci. La présence en nombre d'invités prestigieux ne garantit en rien une qualité, c'est le raisonnement qu'il faut absolument avoir en tête lorsqu'on regarde dans les bacs un tel tracklisting. Si Jake One fait partie de ces talentueux et prometteurs beatmakers, il n'échappe pas à cette monotonie qui gangrène son album sur la longueur. A 32 ans, Jake Dutton se distingue et expose un peu plus de lumière sur sa ville de Seattle grâce à ses productions lâchées pour la scène underground : Blackalicious, John Cena, Rasco ou encore Planet Asia, pour lequel il vendra son premier beat en 98. Mais son premier gros coup médiatique se fera par l'intermédiaire du G-Unit pour lesquels il coproduira avec Fusion Untld le titre « Betta Ask Somebody », présent sur Beg For Mercy. Inutile de préciser que cette collaboration est un tournant majeur pour la suite de sa carrière. Les De La Soul feront appel à lui et pourront ainsi déchaîner les scènes grâce au hit « Rock Co.Kane Flow », Freeway fera son attendu come-back notamment par l'intermédiaire de son titre « It's Over », Evidence se dévoilera en solo avec « Down In New-York City », et ainsi de suite. Mais il restera aussi toujours très proche du clan 50 Cent, jusqu'à une concrète affiliation, où il produira sur la B.O de son film autobiographique, pour Young Buck (qu'on retrouve encore ici avec « Dead Wrong »), ou encore sur le « Terminate On Sight », dernier disque en date de ces soldats.

Comme bon nombre de sa génération, Jake One est un crate digger passionné, entreposant ses vinyles à l'arrière de son Van, d'où le nom de ce premier essai. Teinté de Soul, il ajoute également à ses productions des boucles aux sonorités légères et variées qui font de l'ensemble du produit sa marque de fabrique. La guitare électrique et les multiples bruitages de « I''m Coming », rapper par Black Milk et le producteur Nottz, confirment ces dires. La plupart des rappeurs présents sur son album/compil ont déjà collaboré avec lui, on comprend qu'ils aient bien voulu lui rendre la monnaie de sa pièce en acceptant l'invitation. Son Van va traverser l'Amérique de long en large durant l'écoute. Attachez vos ceintures, on démarre avec des dérapages incontrôlés dans les rues de Brooklyn aux côtés de Lil' Fame et Billy Danze des M.O.P. sur le titre le plus secoué du disque, « Gangsta Boy ». On reste sur la Big Apple à la rencontre de Prodigy jamais loin d'Alchemist (qui avait déclaré que Jake One était un de ses producteurs préférés), lui même jamais loin d'Evidence, pour une triplette à la saveur blaxploitation (« White Van »). Detroit is the place to be ! Après la grosse association Elzhi et Royce Da 5'9'' sur le titre « Motown 25 », Jake One réunit de nouveau les deux talentueux rappeurs avec une saveur plus douce, mais toujours aussi délicieuse à écouter. Morceau phare, planant (sur la fin) et probablement le meilleur du disque, « Bless The Child » avec les Little Brother fidèles à leur ambiance soulful (non! pas de 9th Wonder dans les parages), Gospel, et aux messages d'espoir. On quitte la dure banlieue de Durham pour la chaleur de la Bay Area avec l'un des artistes d'Oakland qui a le plus fait parler de lui ces dernières années grâce au Hyphy. Je parle bien sûr de Keak Da Sneak, qui ici pose sa voix encrassée sur un son bien laid back (« Soil Raps ». Petit détour par Philly avant de retrouver sa base pour y entendre une fois de plus le flow rageur de Freeway « How We Ride ».

Signé et sorti sur le label Rhymesayers, ce n'était qu'une question de formalité de retrouver le rappeur masqué le plus connu du circuit. MF Doom et son humour nonchalant sur « Trap Door », ainsi que l'obscure « Get 'Er Done ». Mais on déniche également d'autres signatures de l'écurie, des rappeurs bien connus, des adeptes du Hip Hop Underground qui s'affichent ici parmi les grosses têtes d'affiche. Vitamin D, Brother Ali (toujours à la recherche de la vérité), Blueprint ou bien encore le patron même Slug pour « Oh Really », en compagnie de Posdnuos des De La Soul, mais aussi Casual des Hieroglyphics ou encore Ish des Digable Planets. La preuve que Jake One a déjà une réputation bien gonflée résulte dans le fait qu'il a pu travailler avec le poulain de Dr. Dre, Bishop Lamont, ainsi que la grosse pointure d'Aftermath qu'est Busta Rhymes sur l'électrisant « Kissin' The Curb ».

« White Van Music » manque très nettement d'énergie et de puissance, mais c'est un album qui s'écoute sans prise de tête. Jake One a le mérite d'être très éclectique, capable de bosser et de s'adapter à n'importe quel style de rap qu'il soit de la East Coast, de Cali ou du fin fond d'un bayou. Il n'y a aucun véritable déchet sur ce disque, ce n'est pas la galette qui vous mettra dans tous vos états non plus, mais en revanche elle vous apaisera plus qu'autre chose, délivrant de bons morceaux Hip Hop qui crépitent comme un vinyle (« Big Homie Style »).
Bobby_Milk
7
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le 20 déc. 2011

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Bobby_Milk

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