OK, on peut toujours disserter à l’infini sur le fait que les Wings étaient un vrai « groupe ». Sans doute pas si on est honnête, plutôt un collectif à géométrie variable formé autour de McCartney avec sa femme Linda et Denny Laine comme seuls éléments permanents. Les postes de guitariste et batteur ayant largement tourné. Cette instabilité chronique a sans doute nui aux Wings et puis, bien sûr, le fait que cette formation soit venue après les Beatles. La comparaison était inévitable, comment passer après les Fab Four ??? McCartney a dû bien souvent se poser la question : comment continuer sans les potes qui s’étaient connus ados, avaient décidé de créer un groupe qui a finalement bouleversé l’histoire de la musique populaire, alors que leur séparation a été si houleuse et amère en 1970 ? Macca décide de rester dans un groupe mais qu’il va diriger sans aucune contestation possible, ne laissant à Laine que peu de place dans les compositions. Le guitariste Henry McCullough a quitté le groupe car il était lassé que Paul lui dise exactement quoi jouer et comment le faire ! Peu importe ces critiques comme quoi les Wings n’auraient jamais été un « vrai groupe ». On se rend compte surtout dans cette compilation en 2 CD à quel point les Wings étaient bons, décriés pendant longtemps mais pourtant le génie mélodique de Paul y est éclatant.
Le 1er CD comprend les tubes de la formation de 1970 (1er album « McCartney » à 1984) et ils sont fabuleux : « Band on the run », « My Love » (le slow ultime !), « Live and let die » (produit par George Martin), « Jet », « Let ‘em in » ou encore « Goodnight tonight » (j’adore celle-là avec son intro flamenco !). C’est là un tout petit échantillon de ce que Paul a réussi à réaliser dans les années 70. Allez, passons gentiment sur « No more lonely nights » extrait de « Give my regards to Broad Street » en 84. Pas que la chanson soit mauvaise, non, mais cette B.O. d’un film que peu de monde a vu à part les fans invétérés de Macca (ce qui fait déjà pas mal de monde, c’est vrai !), est franchement médiocre. Le 2e CD comprend, lui, des morceaux un peu moins connus, un peu seulement, car entre « Let me roll it » (du pur Lennon, histoire de montrer que lui aussi pouvait le faire !!!), « Maybe I’m amazed » (une merveille), « Call me back again », « Take it away » ou l’enchaînement irrésistible « Venus and Mars/ Rock Show », il y a de quoi faire et on est loin des fonds de tiroir ! De toute façon, avec Paul, même les titres moins connus ou les demos sont au-moins intéressants, c’est ça la force des grands artistes. Les Wings depuis une vingtaine d’années ont été logiquement réhabilités, de jeunes artistes et jeunes groupes en revendiquent l’influence et lors de ses concerts, Paul fait toujours une dédicace aux fans des Wings. Ça tombe bien, il va repasser par Paris en 2024 et ça faisait quelques années qu’il n’en avait pas eu l’occasion. Impossible de louper ça, même si l’âge se fait sentir (surtout au niveau de la voix), Paul reste à jamais une légende de la musique.