On sait depuis longtemps que Costello, qui s'est vite lassé de la carrière traditionnelle d'un musicien de rock, est le roi des collaborations, même les plus surprenantes. Mais ces collaborations, qu'on les apprécie (Burt Baccarach, au hasard...) ou pas (Anne Sofie Von Otter, par exemple), permettent clairement à notre homme de continuer à avancer, tout en nous surprenant, ce qui est finalement "punk" si l'on considère que le grand public attend plus que jamais aujourd'hui que les "anciens" du Rock refassent éternellement la musique du passé. "Wide Up Ghost" est un disque de hip hop, donc pas ma tasse de thé, c'est certain, mais c'est aussi, et cela me ravit, un disque qui pète la forme, qui part dans tous les sens, qui voit Costello retrouver même à l'occasion la hargne de ces jeunes années... Si le déficit - logique, vu la nature de la forme musicale choisie ici - de mélodies est forcément frustrant pour qui considère Costello comme un génial trousseur de chansons pop éternelles, si certains morceaux se perdent un peu de par une longueur excessive, si le recyclage du génial "Pills & Soap" laisse un goût amer au vieux fan, il faut bien par contre reconnaître que la science - sans pareille - des mots dont a toujours fait preuve Costello en fait un postulant très crédible à une position d'artiste hip hop, et ce d'autant qu'il "rappe" (eh oui !) en refusant toutes les facilités et les stéréotypes du genre : Costello s'approprie tout simplement un excellent groupe (et The Roots sont bons, pas de doute !) et un genre musical original pour produire un autre album de "Costello music". Et pas l'un de ses plus mauvais.