Telex est un groupe de musique électronique belge peu connu (en dehors de "Moskow Diskow", morceau de 1979). Composé de Marc Moulin (musicien), Dan Lacksman (bidouilleur et programmeur de synthé) ainsi que de Michel Moers (chanteur), le trio a sorti six albums en trente ans. S'inscrivant dans la ligne musicale de Kraftwerk, Yello et autres Art Of Noise, le but de Telex c'est de récupérer l'identité de ces groupes pour mieux la parodier. L'humour est donc partout dans leurs compos. Vous êtes prévenus !
En 1984, le trio sort Wonderful World.
A cette époque, la synthpop explose. Surfant sur ce succès, l'album est composé de dix pistes entièrement synthétiques alliant pop, proto-techno et... blagues (avouées par Marc Moulin lui même). Les paroles sont chantées en anglais et en français, d'un ton souvent vaguement intéressé. On retrouve sur ces dix morceaux des ballades frisant la ringardise de l'italo-disco ("L'Amour Toujours", l’infâme "Tell Me It's a Dream"), des trucs déjà bien trop kitsch pour les années 80 ("It Could Happen To You", "Vertigo"), des morceaux de pure synthpop franchouillarde ("So Sad" qui m'évoque le groupe français Comix, "Second Hand" et son gimmick à la Moroder). L'album comporte tout de même quatre bons et excellents titres. "Raised by Snakes" d'abord, amusant et dynamique musicalement. Le morceau final, "Wonderful World", très sympa aussi et qui évoque évidemment le "Beautiful World" de Devo, en plus synthétique/robotique tout de même. Les deux morceaux suivants sont véritablement les tours de force de cet album, "Radio Radio" aurait facilement pu figurer sur un album de Kraftwerk : on retrouve tout ce qui a fait leur succès avec un rythme ultra précis, une basse hypnotisante ainsi que des mélodies simples et accrocheuses. "The Voice" préfigure ici "The Telephone Call" du groupe de Düsseldorf, même caractéristiques que "Radio Radio" avec une théma sur le téléphone. Les arpèges de synthés sont excellents, le morceau très bien construit. Ces deux morceaux prouvent qu'entre deux blagues, Telex était tout à fait capable d'innover et de créer d'excellentes choses.
Wonderful World est donc un disque d'électropop très très kitsch, mais relativement intéressant dans certaines de ses idées. A une époque ou le public fan de ce genre de musique attendait patiemment le nouvel album de Kraftwerk, cet album a pu faire son chemin.
A écouter d'une oreille (très) ouverte aujourd'hui, et pas au premier degré...