Ouille, mon dieu la claque !
Comme beaucoup de gens (et pas seulement ceux qui le découvrirent tardivement dans les années 2000), je me penche à rebours sur ce Would you believe de Billy Nichols pour m'en relever sacrément K.O.
Et là, question, "Comment un disque d'une telle beauté a t'il pu passer aussi inaperçu ?" Parce qu'à l'écoute et désolé de m'emballer, ce disque aurait pu changer la face de la musique pop à sa sortie. Oui, oui. Ce disque aurait pu facilement envoyer valser Pet sounds ou Revolver d'une pichenette en claquant des doigts.
Oui mais non.
Malheureusement.
Revenons un peu en arrière. Andrew Loog Oldham décide en 1967 d'abandonner les Rolling Stones, dont il est le producteur, à leurs éternelles frasques et décide de se recentrer sur son label, Immediate Records dont il est le cofondateur (avec Tony Calder). Un label qui sortit notamment des disques de John Mayall, Fleetwood Mac, The Nice, Small Faces, Rod Stewart.... Ebloui par Pet Sounds des Beachs Boys paru en 1966 (il n'est pas le seul, la légende raconte que Macca avait d'ailleurs lui-même acheté le disque pour ses enfants et que les scarabées s'étaient alors donné comme mission de dépasser ce disque et faire mieux), il engage alors un parfait inconnu, Billy Nicholls (compositeur surdoué du label) pour apporter "la réponse britannique" à l'oeuvre des garçons de la plage.
Ainsi sort en 1968, Would you believe.
Pour être un échec total.
"Deux ans après la bataille, un tel défi n'avait plus vraiment de sens et, malgré la prouesse spectaculaire que représente cet album, sa sortie fut purement et simplement avortée pour des raisons financières, une centaine d'exemplaires seulement ayant quitté les stocks pour la promotion. Would you believe est donc devenu pour les collectionneurs avertis le graal ultime des années 1960, et les quelques copies originales s'arrachent généralement pour plusieurs milliers de livres sterling."
L'anti discothèque idéale - Christophe Conte, p.24.
Et on se doute que la faillite du label Immediate en 1970 avec plus d'un million de livres sterling de dettes n'arrangea pas les choses. Oldham lui-même sévèrement cocaïné (les Stones faut pouvoir les suivre dans la pratique du ski en poudreuse hein...) disparaît des radars et de la production de disques.
Une version cd paraîtra enfin des limbes en 1999, fruit des efforts de Nicholls, bien décidé à témoigner du gâchis irrémédiable, permettant à un large public d'enfin pouvoir découvrir la chose, ce fruit défendu, ce disque pop presque ultime.
Un disque qui se rapproche autant du psychédélisme que de la pop, convoquant aussi bien les Beatles que Sagittarius, les Kinks ou les Small Faces (apparemment Steve Marriott et Ronnie Lane étaient présents aux sessions). Une production irréprochable de Oldham, des nappes de clavecin magique, une voix qui côtoie les anges, des cordes magnifiques, un sens de la mélodie imparable... Tout ici est à tomber.
Oui ce disque est trop beau. Probablement que nous n'étions pas prêts à l'époque.
Mais bon sang, s'il avait pu sortir véritablement et en tirage massif, quelle claque le monde se serait pris.
Il nous reste entre les mains le genre de disque qui devient un ami immédiat. Un bonheur de tous les instants.
It brings me down
Life is short