Parfois on se sent seul au milieu du grand hiver. On recherche une voix familière et bavarde, quelque chose pour remplir les longues journées. Alors on avise cette réédition du troisième album de Pavement et on se dit qu'avec ça, 50 morceaux et deux CD remplis à ras bord, on aura de quoi tenir. Mais la vie n'est pas si simple. Et Pavement non plus. On croit entrer en domaine connu, et on finit perdu, désorienté, dans le labyrinthe de leurs chansons sans queue ni tête. La musique de Pavement, c'est comme une quincaillerie : on trouve, au milieu d'un bordel sans nom, à peu près tout et n'importe quoi : un vieux piano branque et des cymbales cassées ("Soul Food"), des poupées punk mal fagotées ("It's a Hectic World"), une guitare à trois cordes, un micro déglingué… On trouve aussi de vieilles choses inutiles et cassées, des machins qui ne valent pas un clou, des morceaux bons à jeter. Lesquels ? Citer des noms serait trop fastidieux et figurez-vous qu'à force d'écouter le son brouillon de ces grands dadais aussi géniaux que je-m'en-foutistes, on finit par être comme eux : fainéants. Alors on erre dans les recoins de la quincaillerie de Stockton, Californie, et là, cachées derrière des faces B plus ou moins dignes, on découvre quelques perles. Ainsi de ce "Serpentine Pad" revisité punk (avec de vrais morceaux de "Oï! Oï!") ... qu'il faut découvrir en fin de morceau, après 2:35 d'un "Golden Boys" assez ennuyeux. Ou alors ce très foufou "Unfair", furie de 2:40 où plus on chante faux, plus on chante fort. Dans ce vide-grenier monstrueux, on a aussi dégoté un bouleversant "We Dance" acoustique, rebaptisé "Dancing With the Elders" pour l'occasion. Tiens et puis aussi un "Best Friend's Arm" cool et bizarre avec ses bruitages de science-fiction. Ceci dit, on n'a pas bien regardé partout. A vous de chiner. Le plus drôle est que pour faire leur "Wowee Zowee!" sur un seul album, nos compères ont dû faire le tri parmi tous les morceaux... aujourd'hui jetés en pâture au public. Eh oui, ces bordéliques sont capables de ranger leur chambre et, au vu de la qualité et de la cohérence (si, si) de l'album original, on se dit qu'il ne faut jamais désespérer des ados. (Popnews)