On entend tout et son contraire sur cet auteur-compositeur-interprète britannique, certains osent même la comparaison avec Elton John et David Bowie. Certes, le jeune Tom Odell se démène comme un diable angélique sur scène et offre également de bons morceaux mais sans atteindre encore le niveau de ses ainés. La preuve étant ce "Wrong Crowd", qui, attention, est un très bon album de Pop, à mettre en haut du panier de cette époque moribonde où l'on fait croire que le Rap EST la nouvelle Pop... Lorsqu'une sortie Rap sous auto-tune actuelle arrivera à être aussi mélodique et musicale que n'importe quelle piste de ce "Wrong Crowd", nous pourrons en reparler.
Car si cet album est très bon, c'est pour sa majorité de bonnes mélodies, ce qui devient de plus en plus rare sur une même sortie. Et si ce même album pèche, c'est par sa production qui part dans tout les sens, pétaradante, empruntant aussi bien les chemins du mainstream (dès les deux premières pistes) qu'un simple piano-voix, en passant par plusieurs styles, empreint de Soul, de R&B, voire de Rock sur "Daddy". Musicalement, les influences et les productions se déchaînent, ce qui empêche Tom Odell d'affirmer son identité comme il se devrait pour une seconde sortie. De plus, malgré une majorité de bonnes chansons, il n'évite pas l'écueil de quelques passages à vide au long de ces quinze pistes, en devenant presque redondant. Déjà à bout de souffle ?
Heureusement, il se rattrape souvent par des compositions évolutives, construites comme des feux d'artifices, où toute la saveur se révèle sur la fin. C'est une tactique d'attaque comme un autre, souvent utilisé en Pop, pour s'attirer la sympathie de l'auditeur... ou l’antipathie, car tant de grandiloquence peut aussi finir par lasser. Encore une fois, tout dépend de la mélodie initiale qu'il travaille, car si la beauté est présente dès le départ (comme sur "Sparrow"), la montée en puissance ne peut qu'en résulter plus prenante. Enfin, un mot sur la voix de Tom, aussi joueuse que mutine, tantôt douce, tantôt puissante... si elle pourrait n'avoir rien de particulière, c'est par ses variations d'une piste à l'autre qu'elle impressionne, prenant part à ce travail de feu d'artifice.
Il ne reste plus qu'à vous faire votre propre et votre propre marché, car s'il est évident que tout ne vous plaira pas sur "Wrong Crowds", vous risquez bien d'être touché plus d'une fois par le talent de Tom Odell. Attendons maintenant qu'il nous sorte son "Space Oddity" ou son "GoodBye Yellow Brick Road"... s'il le peut encore...
NB : Pour la partie sur le Rap, le seul album sous auto-tune que je pourrai considérer comme Pop est celui de Kanye West "808s and Heartbreak", ayant ouvert la brèche mais ayant réussi à me faire rentrer une bonne poignée de mélodies en tête. De plus, si le Rap était Pop, cela se situerait plus fin 90, début 2000 selon moi.