Wu Tang Presents…Wu Massacre par Bobby_Milk
Encore charmé par la sensibilité et la délicatesse que porte Ghostface pour la gente féminine sur Wizard of Poetry...A peine remis du sulfureux OB4CL 2 de Raekwon que voila les deux meilleurs shaolins partir en croisade avec Method Man pour faire un véritable carnage lyrical. Un Wu-Massacre comme ils appellent, le tout subtilement illustré par le fuseau expérimenté du dessinateur des Comics Marvel, Chris Bachalo. L'histoire démarre sur Criminology 2 point 5, un assaut sanglant initialement prévu pour l'album de Raekwon d'où ce couplet de Ghostface recyclé du bonus "The Badlands" mais remanié néanmoins pour l'occasion avec une incursion en plus de Method Man.
Chapitre 2, on assiste déjà à un affrontement entre deux des protagonistes principaux. Il s'agit en fait d'une revanche, une altercation virulente vieille de l'époque Tical. Le Chef déterre la hache de guerre et provoque Mef qui n'attendait que ça pour faire feu à nouveau. L'échange est guerrier, gonflé par les cuivres de Mathematics, mais très loin d'être un choc de titan. En attendant d'avoir un troisième round et un final de taille on s'imagine ce deuxième versus comme une page de comics ou chaque couplet correspondrait à une bulle. D'autres personnages viennent faire leur apparition au cours de l'album. Des disciples du Wu comme Streetlife et Solomon Childs sur le remix de Smooth Sailing, Sun God sur Gunshowers, le protégé de Ghostface, Trife Da God, ou encore le dixième homme Cappadona (sur l'édition limitée) et même un membre a part entière du Clan Wu-Tang comme Inspectah Deck vient poser sa plume:
'This is something like lock up, murder behind bars A warrior, my story defined by my scars Seven thirty verbal, my word work circle You a jerk, fool, I burn you like your birdds do'. Il y a aussi le comique Tracy Morgan qui donne son avis sur le skit 'How To Pay Rent'.
Le point d'orgue de cet épisode de Wu-Massacre est sans conteste la sublime production de RZA qui sample We're Almost There de Michael Jackson et sur laquelle nos trois cruels combattants laissent parler leur cœur. On apprécie le phrasé de Method Man, la noirceur de Raekwon, mais encore une fois Ghostface Killah aka Tony Starks fait le show à lui tout seul et sort carrément du lot. Il trône indéniablement dans le classement de tête des meilleurs rappeurs de tous les temps et ce n'est pas exagérer de le dire. Ses prestations sont toutes détonantes, de vrai pétards bombés de 'pornérotisme' comme sur Miranda (dont la métaphore grosse comme une maison n'aura échappé personne...), sur son terrain de prédilection avec l'excellent Pimpin' Chipp produit par Emile ou doté d'une puissance et d'une énergie incroyablement communicative en témoigne Dangerous où il massacre tout sur son passage aussi bien dans son couplet que sur son excitant refrain.
'Yo, the streets is a part of me What you witnessing now is don archery Pack a lambskin hostler, one of these rocks'll soft you over You ain't nothing, you'se a bitch ass poser Fiends on your face, on the T-shirt, thinking that you envy the P Underneath'll be R.I.P. That's what you get, yo, for being so cocky Two guns, thumbs up, for me and my posse'.
Si l'on est ravis du résultat, on ne peut qu'être frustré que ce plaisir ne dure qu'une trentaine de minutes. On écoute et savoure quand même cet album aussi rapidement qu'un comics. Ce Wu-Massacre dont je suis quasiment sûr qu'on aura le droit à une suite dans quelques années, se clos par deux productions signées Scram Jones: une bullet track du nom de Youngstown Heist (Feat. Trife da God,Sheek Louch & Bully), et un surprenant cosmico funky It's That Wu Shit qui n'a pas tout a fait sa place dans l'ambiance initial du projet mais qui se laisse écouter sans problème. Après presque 20 ans d'existence le ferveur du Wu-Tang n'est toujours pas retombé, tous les groupes ne peuvent en dire autant.