Fred Pallem & Le Sacre Du Tympan – X (2022)
Voici le dixième album de Fred Pallem et Le Sacre du Tympan, ça fait plusieurs fois que je l’écoute, dans des conditions différentes, ainsi il m’a paru vraiment étonnant en bagnole, géant, à ma grande surprise il me happait alors que je grimpais en haut des cols avec mon bolide, ça fonctionnait très bien cette sensation de mouvement avec le rythme de la musique, je n’imaginais même pas cette possibilité, connecté à la musique et montant en altitude, les titres imprègnent le cerveau, particulièrement le spectaculaire « le Sablier », ou bien encore « Goodbye Lougarock » pourtant dédié à son père récemment décédé…
Pourtant au début je pinaillais, je faisais la fine bouche, « qu’est-ce qu’elles font là toutes ces cordes ? » dans le même temps je sentais bien le truc, l’étrangeté de cette musique, jazz mais tellement différente, avec ce côté musique de film, et même créateur de monde parallèle qui transporte dans une autre dimension, un univers particulier, mélange de mélodies enfouies qui se libèrent, une remontée puissante de sensations anciennes et pourtant si évidentes, il n’y a que Fred au monde capable de ce coup-là !
Il y a de la nostalgie dans cette musique, et ces cordes, finalement, elles sont géniales, d’une précision diabolique, c’est fou ce qu’elles apportent à la musique, avec la grosse basse de Fred cette fois-ci très en avant, c’est elle qui indique le mouvement, les changements de direction, les breaks, les faux départs et les vraies embardées.
Et puis surtout il n’y a jamais rien de faible dans ce putain d’album, une fois bien connecté on ne décroche pas, comme un roman qu’on lit d’un coup pour en savoir la fin, il y a ce côté gourmand et même morphale, ces débordements égoïstes qu’on s’autorise parfois avec une sensation de jouissance, l’addiction est puissante et culmine sur « Bitches En Marbella » qui fête la fin des confinements et le retour à la vie.
Un petit moment de culture aussi avec cette incise dans « Stratagème » où Schopenhauer est cité, il faut s’attendre à tout avec le grand Fred, et puis il y a aussi ce dernier titre avant de se quitter « Les Fulgurés », à la fois élégant et finissant, qui traîne un peu des pieds avant de nous laisser…