Avec XO, Elliott Smith délaisse de plus en plus son folk intimiste et s'engage pour de bon dans la pop finement arrangée. Inutile de dire que les chansons sont très belles, les mélodies font des merveille, et Smith excelle dans l'art de composer des petites œuvres de trois minutes aux accents définitifs. Cela étant dit, XO se situe à la croisée des chemins et de ce fait manque un peu de personnalité. Il n'est jamais aussi touchant et singulier que les disques précédents (notamment par rapport à Either/Or), mais il n'est pas non plus aussi extraverti et ambitieux que les futures compositions de l'artiste.
On se situe ainsi le cul entre deux chaises : Smith semble se retenir dans les moments les plus pop et emballants, tandis qu'il n'arrive plus à recréer l'atmosphère feutrée de ses précédents morceaux folk. Les chansons sont trop contenues, trop soucieuses de la perfection formelle qu'elles cherchent à atteindre, d'où un léger manque d'émotion et de spontanéité.
Bien sûr, la qualité est toujours là, et les bons morceaux se comptent à la pelle, que ce soit les titres pop qui s'enrichissent comme Independence Day, Bled White et A Question Mark ou des titres plus calmes comme les deux Waltz et Pitseleh. Mais j'ai plutôt l'impression d'écouter une collection de jolies chansons monomiaques qu'un véritable album respirant la beauté et la mélancolie habituelles chez Elliott Smith.