XSCAPE
5.3
XSCAPE

Album de Michael Jackson (2014)

Loin de moi l'idée de tailler un costard au dernier album de Michael Jackson. Mais quand même, le disque en tant que tel, hors contenu Deluxe, reste assez pauvre musicalement. Des titres sitôt entendus, sitôt oubliés pour la plupart. Le King of Pop méritait clairement mieux, et quand on pose son oreille sur les morceaux originaux, on se dit que le mix 2014 n'était sans doute pas une bonne idée.


Love Never Felt So Good démarre et on a de suite l'impression que c'est Louis Armstrong qui va chanter. Mais à la place, on a un MJJ qui semble enrhumé. Qu'importe, le morceau se laisse écouter, même si le tout est assez inoffensif. Produit par un certain John McClain (ça ne s'invente pas), sur l'échelle des meilleurs titres du King of Pop, là on est plus sur du Die Hard 4 que du Die Hard With a Vengeance, si vous voyez ce que je veux dire. La production est lisse, le son un poil trop propre, une sensation qui perdurera tout au long de l'album.


Chicago, le titre suivant, ressemble musicalement à un mix entre l'OST d'un stage du premier Streets Of Rage et une parodie des inconnus (j'attends encore le "c'est ton destin" !). La voix de Michael est altérée à plusieurs reprises, en milieu de morceau notamment, ce qui est dommage car d'une part, l'organe de MJJ est naturellement magnifique et puissant (no pun intended). D'autre part, le rendu post-filtres est assez désagréable à écouter, je dois bien l'admettre. Les boules, ce Chicago...


Loving You passe plutôt bien - même si rien de mémorable là encore - avant que A Place With No Name n'arrive, avec son refrain répété à l'envi (refrain qui dit d'ailleurs "Take me to a place without no name", la différence dans le titre est-elle voulue, je vous le demande ? Cette version aura le mérite de vous faire vous ruer sur le titre d'America. Et puis le pire reste à venir. Slave to the Rythm, ou l'éloge du vide. Rien à retenir. Pas vraiment de mélodie ou de sonorité marquante, une boucle vocale, un ensemble assez épouvantable. Arrive alors Do you know where your children are, écoutable, plutôt catchy, si ce ne sont ces sonorités post modernes électro qui n'ont rien à foutre selon moi, sur un texte, et plus généralement sur un titre pareil.


Blue Gangsta n'est pas beaucoup plus réjouissante. Et Xscape vient conclure un album décidément bien fade. On sent vraiment des chutes mises bout à bout, sans grande cohérence, sans grande recherche musicale, si ce n'est de faire du clinquant en lieu et place de la sobriété et de la classe. On vire le pantalon à pinces et le veston, et on met un survêtement à la place. Remarquez, vu que l'ensemble prend l'eau, c'est pas une mauvaise idée en soi de garder le gilet, c'est juste dommage que ce ne soit pas le bon. D'ailleurs, j'ai même du mal à percevoir de potentiels tubes, ce qui est d'autant plus surprenant que des gens comme Timbaland ou Timberlake (le gang des "Timb", à quand une collaboration de Tim Burton ?) ont planché sur le projet. Si je ne suis pas un grand admirateur de l'oeuvre des deux bonhommes, je dois reconnaître qu'il n'ont pas leur pareil pour créer des hits, habituellement.


Un mot sur l'édition Deluxe, c'est d'ailleurs sur les huit titres suivants que j'aurais dû m'attarder quand j'y repense. L’ensemble n’est pas forcément toujours bien fini, MJJ pas toujours en place vocalement, chutes de sessions Bad, Dangerous, ou plus récemment d'Invincible obligent, mais putain, là, c'est du Michael ! Do You Know Where Your Children Are ou encore Loving You versions originales, c'est du bonheur en disque ! M'enfin, quoiqu'il en soit, proposer ces morceaux en supplément dans une édition spéciale, plus chère, c'est juste la lose la plus totale (ou bien juste du génie mercantile, ce qui revient à peu près au même)


Après pas mal d'écoutes, forcées pour les huit premiers titres, plaisantes pour la suite, un constat s'impose: qu'elle semble lointaine l'époque des tubes planétaires et autres titres plus "intimistes" (façon de parler) du King. Oui je sais je sonne comme un vieux con en disant ça. Mais d'abord il faut respecter les vieux, alors si t'es plus jeune que moi, ne dis rien. Et si t'es plus âgé, ben ne relève pas non plus, sans ça, qui est-ce qui va montrer l'exemple ?


De l'ambition artistique, c'est bien de cela dont il est question ici. De son absence, plus précisément. Où est donc passé le beat de Michael, je vous le demande ? (et pas de blague douteuse, je vous vois guetter la moindre occasion depuis tout à l'heure !). Nous sortir ça, après nombre d'albums cultes. La plupart du temps, "Michael Jackson" apposé sur un disque, c'est la certitude d'une promenade élégante en plein Savile Row. Cette fois, ce sera plutôt en pleine Desolation Row que nous emmène la maison de disques. Epic fail. Ah là là, remember the time...en tout cas je suis tout de même bien naïf de persister: le titre de l'album m'avait pourtant prévenu !


PS: ma note pour les huit titres originaux, c'est 7.

Gothic
3
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le 15 mai 2015

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