Pieds tendres...

J'avais échoué à l'époque (...de la sortie de ce disque*) à m'intéresser à la musique des pieds tendres de The XX, irrité que j'étais par la hype consensuelle qui les entourait. En y revenant, à froid, j'ai trouvé dans ce premier album tendre et joliment imparfait des échos touchants de The Cure et - en effet - de Young Marble Giants, deux groupes que je considère comme essentiels. La noirceur déprimée mais sublime de Robert Smith corrigée par la fragilité "existentielle" de YMG, soit la possibilité pour de très jeunes gens comme Oliver et Romy, qui n'ont pu vivre en direct les sensations fortes du post punk et de la cold wave, de les accommoder à l'univers plus électronique, plus désincarné aussi qui est le leur de nos jours. Pourquoi pas, d'autant que l'indolence épuisée de leurs voix résonne juste dans un monde où bien des combats semblent désormais perdus d'avance ? Reste un handicap, à mon avis commodément oublié par les laudateurs de The XX : les chansons, qui manquent largement d'inspiration, que ce soit mélodique ou émotionnelle... probablement victimes du manque de temps puisqu'on sait que l'album fut mis sur pied très rapidement. Du coup, le remarquable travail sur l'ambiance est la véritable épine dorsale d'un disque qui tire plus sur le gris brumeux que sur le noir et blanc expressionniste et contrasté de leurs modèles... Et l'auditeur tourne un peu en rond, faute de pouvoir s'accrocher à des morceaux suffisamment forts. Pour le second album, à paraître ces jours ici, on ne peut qu'espérer que The XX aura pris le temps de composer de vrais chansons, sinon il y a fort à parier qu'ils rejoindront vite les poubelles de l'histoire du Rock.