Critique de You Will Never Be One of Us par marjorie11
Fraicheur et finesse
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Quelque part à la charnière des années 80/90, aux environs de la Californie, des mecs se sont mis à faire une musique si inédite dans sa brutalité qu'il a fallu leur trouver une nouvelle case dans laquelle essayer de les ranger. Faute de ressources métaphoriques, ceux de l'époque se sont contentés de nommer sans fard ce qu'ils avaient devant les tympans : Powerviolence. Rien que ça. Mais cette case, il faudra toute l'énergie du monde pour les maintenir à l'intérieur, car les bonshommes ne tiennent pas en place. Les américains de Nails ne font pas exception.
À les entendre, on croirait entendre un groupe de punk hardcore qui aurait explosé plusieurs morceaux de grindcore en petits bouts pour ensuite les recoller dans le désordre. Le résultat est un mur de son ébouriffant aux signatures rythmiques variables, aux pistes parfois ultra-courtes. Un disque de 20 minutes aussi éprouvant qu'un disque punk d'une heure. La frappe est si intense et la matière convoquée si dense que la distorsion est palpable. Sur You Will Never Be One Of Us on a l'impression de pouvoir toucher ces formidables reliefs soniques qui pulsent, pouvoir plonger sa main dans cette bouillie de gravier en mouvement.
You Will Never Be One Of Us est le troisième album de Nails, et sans doute le plus ambitieux des trois. Le défi ici, relevé sur la dernière piste "They Come Crawling Back", est le suivant : est-il possible de mettre sur pied un morceau de powerviolence de 8 minutes ? On a ici des pistes de 45, 50 secondes, un riff asséné avec brutalité, un break syncopé et on passe déjà à la suite. Alors comment parvenir à étirer cette formule sur une telle durée ? Nails répond en faisant preuve d'un redoutable éclectisme, d'une souplesse dans le jeu qu'on pouvait soupçonner (vu leur maîtrise sur format court) mais qu'on avait jamais vu ainsi à l'action. Le groupe parvient à faire monter lentement la sauce, sans perdre de sa puissance au contraire ; au lieu d'attaquer à tout bout de champ la bête s'étire avec aisance, roule des mécaniques comme le ferait un ensemble sludge, et lorsque finalement la double pédale se met à faire trembler le sol et que le hurlement rauque grésille dans le micro (après presque deux minutes de préparations apocalyptiques), Nails sait varier ses effets, suspendre son vol pour mieux repartir en ajouter une couche, côtoyer parfois même les cimes d'un Converge au milieu du morceau avec ce riff métallique...
6 ans après son entrée dans le game powerviolence, Nails défend toujours aussi bravement, becs et ongles oserait-on dire, sa place de favori. Force et honneur à qui tentera de l'en déloger.
Chronique provenant de Xsilence
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Créée
le 24 déc. 2016
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