Younger Than Yesterday par Erw
Ah ! Un jour je le ferais ! Un jour je trouverais ou m'éditerais moi-même avec mes petites papattes une superbe version de cet album épurée des 3 insupportables minutes et 46 secondes que constitue cette affreuses démo de Mind Gardens, que je n'ose même pas appeler chanson tiens. Et alors ! Et alors ! L'album atteindra péniblement 25 minutes, presque un EP, mais quelles minutes !
Une des premières choses qui frappe à l'écoute des Byrds, c'est la force avec laquelle on vous a rabâché les oreilles et menti sur ce soi-disant groupe culte. C'est assez étonnant, n'est-ce pas ? En effet, il n'y a rien de vraiment transcendant. Allez-y, écoutez-vous même : chanson de moins de 3 minutes, petites mélodies dans leurs coins, effets psychédéliques mignounet. Cet album a vraiment tout pour provoquer la réaction "Bon, vous vous foutez de ma gueule ? Ce groupe n'arrivera jamais à la cheville les Beatles". Alors que vous savez quoi ? C'est géant ! C'est géant !
Et puis d'ailleurs pourquoi Younger Than Yesterday ? Vous savez, l'album n'a rien de particulièrement révolutionnaire. Je vous le dis parce qu'on est entre nous : essayez Mr. Tambourine Man ou Fifth Dimension si vous voulez quelque chose de plus remontant. Dans ces deux-là, ils ont juste inventé le Folk Rock et puis le Rock Psychédélique à 2 ans d'intervalles. Et le plus formidable, c'est que l'on ne s'en rend même pas compte lorsqu'on jette une petite oreille peu attentive sur les deux albums. Non, tout se passe comme si les titres se déroulaient normalement, un peu comme si le jingle jangle de McGuinn était quelque chose d'acquis, d'accessible, de jetable presque. Car après tout, les Byrds ne sont-ils pas qu'une version pop naïve d'un véritable artiste qui a trimé pour devenir ce qu'il est : Bob Dylan ?
Et pourtant, leur style est unique. Point. Vous ne vous en rendez encore pas compte mais vous chercherez... Oh ! Cherchez toute votre vie si vous le souhaitez, même dans les nombreux émules, mais jamais vous ne trouverez un son comme eux avaient : luxuriant, grésillant, chatoyant. Dix ans avant les Pink Floyd, les Byrds avaient trouvé cette recette, la recette : comment écrire une chanson sans mélodies (ou peu marquantes), sans paroles (ou copiées), mais qui soit tout de même jouissive rien que par l'ambiance sonore ? Personne ne faisait ça. Et le plus fort, c'est qu'ils étaient EN PLUS des mélodistes absolument ravageurs lorsqu'ils le souhaitaient. (Et pas seulement grâce au talent de Gene Clark dans les début).
Et qu'est-ce que c'est que Younger Than Yesterday ? C'est juste tout ce talent compilé en 25 minutes sans une seule seconde de trop. (j'ai supposé qu'on avait enlevé Mind Gardens) C'est juste 10 chansons dont quasiment chaque instrument, chaque accord, chaque petites notes est capable de me passionner. Et rien ne m'enlèvera de la tête que Roger McGuinn est un des guitaristes les plus fascinants de son ère, ses solos sur son 12-cordes sont très discrets, mais tellement uniques. (écoutez juste les deux petits sur "Have You Seen Her Face", à peine 10 secondes mais...). L'intro de Renaissance Fair me fait fondre... Time Between anticipe avec un tel bon goût les futurs relents country... Et les effets psychés de Thought and Words... Et Crosby sur Everybody's Been Burned... ET LA MEILLEURE REPRISE DE BOB EVER !
Mais rassurez-vous... C'est juste un album de pop psychédélique tout ce qu'il y a de plus normal. Je me suis laissé emporté.