Frank Zappa, ayant composé suffisamment de nouveaux morceaux, décide, fin décembre 1976, c'est-à-dire exactement trois années après celui du Roxy, de faire un nouvel enregistrement en public. C'est de nouveau sous la forme d'un double album vinyl qu'il sortira, mais la chanson "Punky's Whips", longue de 11 minutes, sera censurée, et vu le conflit juridique avec la Warner, le disque ne sortira qu'en mars 1978. Il faudra finalement attendre 1991 pour que sorte la version définitive, comprenant quatre titres supplémentaires, ainsi que le morceau censuré. C'est cette dernière version que je vous décrirais donc. On est parti pour 1h42' de musique détonante.
On y trouve deux chansons de rock comiques, d'abord le morceau "Titties & Beer" qui ouvre les hostilités. Cette chanson fait référence à "L'Histoire du soldat" de Stravinsky, histoire fantaisiste d'une personne vendant son âme au diable. Le batteur Terry Bozzio, incarnant le diable de manière un peu ridicule nous montre une autre facette de son talent de chanteur extravagant, chantant même de manière hystérique sur la chanson "Punky's Whist", satire sur la sexualité ambiguë de certains musiciens de rock.
"The Illinois Enema Bandit", parodie de blues vaut surtout pour la voix soul de la nouvelle recrue Ray White. Le morceau "I promise not to Come in Your Mouth" nous enchante avec le moog luxuriant d'Eddie Jobson de Roxy Music, tandis que "Pound For A Brown" met bien en valeur son synthé.
"The Black Page drum solo" est un des meilleurs instrumentaux de Zappa. Le "Black Page #2" nous en proposant une version simplifiée. A côté de cela, on peut entendre des morceaux plutôt intéressants, comme les tubes "I'm the Slime" et "Big Leg Emma", mais que je préfère dans leur version originale, tout comme "The Torture Never Stops", qui perds un peu de son impact sans les cris et les hurlements, bien que le solo de guitare soit génial.
D'autres morceaux sont agréables à écouter, tel "Sofa", Honey, Don't You Want A Man Like Me ?" et "Manx Need Woman", "Cruising For Burgers", mais c'est surtout le dernier long morceau de 17 minutes qui vaut pour les improvisations solos de la plupart des instruments.
Au niveau instrumental, on frôle la perfection, la particularité de l'album étant qu'il nous propose sur l'ensemble du disque de nombreux solos intéressants dans un climat plutôt jazz-rock, se tournant à certains moments vers le blues ou la musique progressive jazzy.