Zebop!
6.9
Zebop!

Album de Santana (1981)

Honnêtement, je ne comptais pas en parler de ce disque.


En fait je misais pas un kopeck dessus comme on dit.


Parce que c'est bien simple, j'ai toujours lu plus jeune à droite, à gauche, que Santana, le groupe, vers la fin des années 70 et début des années 80 commençait à n'être moins que rien. Evidemment plus tard on grandit, on se doute que les règles sont faites pour être contournées (généralement on le fait même trop tôt dès que les adultes ont le dos tourné, c'est dans notre nature humaine, hihi), on est curieux, on a besoin d'explorer un peu tout, partout.


Etant dans un cycle d'exploration de la musique de Carlos Santana et de son groupe après plusieurs autres cycles musicaux pas forcément tous refermés (1), j'ai voulu explorer non seulement l'âge d'or du groupe (les 70's donc) et ses recoins alentours, c'est à dire ce que devient ensuite le groupe dans les années 80 pour voir si c'est vraiment si pire que ça, j'ai même dernièrement défendu un disque assez mal aimé qui comportait quand même de bien chouettes trucs (2).


Et donc.... Eh bien Zebop se révèle une bien plaisante surprise.


Même une excellente surprise. Je serais presque à deux doigts de remonter la note mais ce serait insulter d'autres albums venant avant lui qui mettaient la barre sacrément haut. Et voilà là l'unique défaut à pointer de Zebop : il est plaisant. Très plaisant. Mais il n'y a aucun coup d'éclat. Exit la world music parfois épique et ultra lyrique de Welcome (3), exit le Santana furieux qui te démonte la tronche d'emblée (4), exit le Santana qui te déchire le coeur d'émotion (5), fini le Santana tragique quasi sur le fil du rasoir (5), exit, exit...


Non, dorénavant Carlos et son groupe se font plaisir. Reprenant le rock FM (avec un poil de soul + pop-rock west coast + leur style toujours plus ou moins là) de Marathon là où il avait été laissé, l'album fait état d'un groupe en pleine forme et où notre guitariste adoré se permet même de retrouver sur une poignée de morceaux plus de solos de guitare incisif qu'il y en avait eu sur les derniers albums.


Si la première face montre un travail de belle facture avec peut-être un ou deux titres plus faibles ("Winning" est un peu lourdeau là dedans), c'est la seconde partie du disque qui emporte d'emblée l'adhésion avec un instrumental magique et entraînant, "Tales of Kilimanjaro" (7). Même si ce n'est pas un Aqua Marine récent ou un Europa, il faudrait être sourd pour ne pas voir le travail soigné et sensible (jolies notes de piano au passage) là dessus. Et ça marche. The sensitive kind juste après ? De la ballade typique de Santana aux petits oignons ou alors c'est moi et mon côté guimauve (8). American Gipsy ? Un instrumental de nouveau, qui se permet de passer la seconde et punaise, c'est bon. Ouh que ça fait plaisir. On croirait ce titre écrit presque comme aux premiers temps de 70 à 72. Et peut-être que c'est le cas et qu'il s'agit d'un inédit que la bande à Carlos (le guitariste, pas l'humoriste) nous ressort pour le coup comme par surprise (9). Puis allez hop on se fait plaisir, c'est la fête de la bière, re-instrumental (le troisième de l'album). On croît au début qu'il s'agit d'une autre ballade slow bien foutue avec un côté mélancolique pas piqué des hannetons mais non le chant qu'on attend tout le long ne vient pas et au milieu la tension monte, la guitare électrique devient plus incisive. Belle surprise (10). Et ça continue dans le bonheur jusqu'à la fin.


Alors évidemment on regrettera comme je l'ai dit que l'album reste balisé dans le sens où l'on a plus les ruptures, les montées de ton, les échappées furieuses, les pointes mystiques voire des titres assez oniriques. Non là on aura de superbes ballades, d'excellents instrumentaux et 2,3 rocks bien énergiques. Mais pour le coup on est bien loin du minimum syndical là, c'est généreux comme tout.


Patron, resservez moi z'en encore un peu ! Et ça tombe bien parce qu'il paraît que l'album d'après, Shango reste quand même assez bon. Donc, à la revoyure sur ce prochain disque, qui sait ?....


=====
(1) Faudrait que je fasse 2,3 chroniques Shoegaze avant la fin de l'année pour clôre un périple et une liste bien fournie sur Sens Critique, tiens.
(2) L'album Festival.
(3) Hop, When I look into your eyes avec ses choeurs qui doivent hisser les poils du bras en live, j'ose même pas imaginer : https://www.youtube.com/watch?v=jrtY2Yk6Oss
(4) Coucou Jugando : https://www.youtube.com/watch?v=aMkyTk1EVcQ
(5) Faudrait que j'arrête de le mettre ce titre mais j'adore, je suis désolé : https://www.youtube.com/watch?v=Ot6pSrKT1oc
(6) la géniale suite Flor de Canela + Promise of a fisherman où on les sent prêts à aller dans le mur : https://www.youtube.com/watch?v=jrWqli5cq1E
(7) hop : https://www.youtube.com/watch?v=BUh7ulgY5E0
(8) Yolo : https://www.youtube.com/watch?v=4GErVbdNsbU
(9) pouët : https://www.youtube.com/watch?v=G-nMJKaU1FQ
(10) amstramgram : https://www.youtube.com/watch?v=tAL0yG-hHkM

Nio_Lynes
7
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le 25 oct. 2018

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Nio_Lynes

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