Restons zen

     Pourtant ça sonne bien. Du bon travail, honnête, sympa, qui va plaire à certains, et d’autres vont même adorer. C’est fait pour ceux qui veulent suivre les aventures de Zazie au pays de la chanson. Et ce qui m’exaspère un peu, c’est que les mélodies sont belles, mais trop transparentes pour rester dans la tête, pour marquer. Des compositions construites sur le même schéma, sur presque tous les morceaux.
Une intro posée, puis une ritournelle qui va pulser le morceau. J’ai longtemps aimé : Zen. Peut-être pour son slogan. Surtout pour son coté tube. Et aussi grâce à son swing pop, dansant mais pas trop. Et pour les sonorités assez agréables à l’oreille. Restons zen, soyons zen. C’était un tube dans l’air du temps, comme doit être tout bon morceau de pop. Nous sommes en 1995 ? J’aurais dit 1992. C’est comme ça que j’imagine sonner un album de pop français des années 90. Donc il n'y a rien á ajouter. Mais certains sons ont vieillis très vite. Et ces rythmes pop collés à de la chanson française, ça fait un collage qui tient par la force de la pensée, mais c’est tout. La pop standard, un peu de funk de variété, fusionner quelques riffs ethniques, très dans l’air du temps.  C’est un collage, et la voix est collée dessus. Et ça se sent un peu…trop. Sa capacité à jouer de son filet de voix, et sa sensibilité ne suffiront pas à monter ça sur des hauteurs, Zazie. L’auditeur va être amusé, mais pas comblé.

Encore une qui aurait gagné à faire réaliser son album par quelqu’un comme Serge Gainsbourg, lui qui adorait les chanteuses « sans » voix. Le genre de chanteuse qui raconte plus qu’elle ne chante.

   J’aimais Zen, mais à la relecture, je préfère encore Larsen. Beaucoup plus lourd, avec plus de matière dedans. La mélodie s’étire sur tout le morceau, et derrière, les autres musicines ne font pas que porter les meubles. Seconde voix masculine à l’unisson, synthé en question-réponse. Le mieux construit ce larsen. Dansant, sucré. Pas mal.

  Ensuite, on est obligé de rappeler Serge Gainsbourg à la rescousse. Je T’aime Mais, mais quoi ? Je ne vois pas l’intérêt de ce sample, reprise, bien plate. Et on se prend à imaginer le résultat avec le vrai Serge à la baguette. Ça aurait eut une tout autre gueule, c’est sûr ! Il aurait sût trouver les mots, sublimé ce timbre de gamine, choisit de bien meilleurs rythmes, pas prémâchés sortis de l’usine à son à la mode. Mais bon, Serge n’est plus là...

  Le morceau qui introduit l’album est faussement solennel, Fou De toi , trop artificiel, Home Sweet Home, par contre, sonne, et est même un peu lyrique, ça chante vraiment là ! Il me rappelle même une certaine autre chanson française, et le Maxime Le Forestier de la grande époque. Le reste est gentil. Je ne demandais la révolution, mais bon…Un Point C’est Toi, au même rythme limite somnolent que les autres, au rythme. Remplissage. Le même tempo qui ramollit l’album. Les autres morceaux sonnent comme par une accumulation de sonorités, studio, pro, de jolies et courtes lignes de synthés, comme une cour où les musiciens ne se divertissent pas, accompagnent servilement, font leur job. Ça sonne joli comme le serait le premier album d’une lolita. Un manque d’exigence qui fait qu’on retombe en enfance. Une Souris Verte. Qui courrait dans l’herbe. Je l’attrape par la queue…etc.

  On fait un peu d’accordéon, J’envoie Valser, puis on compte les moutons. Un mouton, deux….dix moutons, 11 moutons, vingt-deux mou…tons…trente moutons, déjà…trente et un moutons…   …   restons moutons…cinquante et un…ZZZ mouton…cinquan…deu…dead. Ron Ron. ZZZ

La pop à la française ne m’a jamais emballé, et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer. Mais restons zen.