Il y a une tendance à oublier que le grotesque est l'allié du rap. Cette musique étant éternellement porteuse de complexes — car elle trouve son origine en bas —, n'est jamais aussi jubilatoire que quand elle préserve envers et contre tout sa substance : grossière, crade, et grinçante. Il ne s'agit pas là d'un nivellement par le bas, d'un éloge condescendant de la médiocrité : cette substance nauséabonde a le pouvoir de faire son nid dans une matière musicale soyeuse. Un rappeur en est la preuve et chez lui tout est contraste : son corps petit s'allie à une démesure incroyable dans l'imagerie, son écriture maladroite et grossière s'allie à une voix et des mélodies envoûtantes. Chez Hamza on se trouve toujours à la frontière du risible, et c'est justement dans cette zone subtile que sa mixture devient jouissive. Il évite toute lourdeur en échappant à la conscientisation de son propre art : il préserve toute sa spontanéité en ne laissant jamais transparaître ni un premier degré qui serait embarrassant au vu de la démesure, ni un second degré qui s'avère souvent étouffant. C'est spontané, soyeux et grinçant. Ce semi-homme glisse, et il glisse bien.