De tous les albums 80’s de JMJ, celui-ci est le plus singulier, mais aussi le plus intemporel. Issu de la prise en main par son géniteur des premiers échantillonneurs (samplers) du marché, il est beaucoup moins erratique que les expérimentations très « musique concrète » des « Chants magnétiques ». Après quelques années de pratique, Jarre - qui rentre alors d’une tournée en Chine - prend conscience de l’universalité de son œuvre instrumentale. Il se passionne (c’est peu connu) de longue date pour les voix humaines; c’est donc naturellement qu’il les enregistrera dans ces machines, et composera des œuvres orchestrales qui préfigureront la suite immédiate de sa discographie, mais aussi les poncifs « catchy » nécessaires à une exploitation radiophonique, réalisés avec l’aide de la crème américaine des musiciens de studio (Marcus Miller, Yogi Horton, Adrian Belew… tout de même….). Il y a également une époque propice à ce genre musical, avec l’arrivée des Art of Noise, Yello et plein d’autres musiciens de talent qui affolent les charts. JMJ vient pourtant de défrayer la chronique avec la vente d’un album pièce unique au enchères, en réaction au mercantilisme des ventes de disques en grandes surfaces - ironiquement appelé « Musique pour Supermarché »… C’est donc un Jarre d’envergure mondiale mais déjà engagé qui sort ce « Zoolook » survolté et bizarroïde, mais qui est l’un de ses coups de maître, étant aussi l’une de ses seules plaques qui ait été récompensées par la profession. Et en regard de ses excellents travaux récents des années 2020 redevenus très expérimentaux, il reste incroyablement convaincant.