Zooropa frappe au moins aussi haut que son prédécesseur Achtung Baby. C'est un disque faisant écho à la science-fiction et plus particulièrement au sous genre du cyberpunk. C'est un album bizarre et savoureux, que je ne me lasse jamais d'écouter.
U2 n'a jamais été aussi créatif. Sortit dans une période de folie en 1993 pendant la titanesque tournée Zoo TV, on peut parler d'un album concept même si il dispose de chansons qui sont structurées comme des hits en puissance. La production relativement proche d'Achtung Baby, n'a pas d'équivalent dans toute la carrière du groupe. Le son est recherché, profond, avec des parasites inquiétants de diffusions de slogans radio ou d'émissions (Zooropa), des bruits métalliques de machines industrielles (Numb) ou des atmosphères planantes (The First Time).
En fait Zooropa bénéficie d'un traitement du son vraiment fascinant. Sans compter les beats excellents et légèrement disco de Larry (Lemon), et cette basse d'Adam plus que jamais inspirée (sur l'ensemble du disque), et la voix de Bono d'une extrême complexité. Voix de fausset précieuse sur toute une chanson (Lemon), charismatique et rassurante sur Baby Face, émotive et délicate dans The First Time. C'est assommant de talent.
La guitare de The Edge est bourrée d'effets plus excentriques les uns que les autres mais toujours dans le même registre du cyberpunk. A la fois glauque et caverneuse, étrange et complexe. Beaucoup de piano aussi, utilisé avec parcimonie ou réduit à sa plus simple expression pour donner un aspect inquiétant au disque, ou à l'inverse, apaisant.
Posé, profond, légèrement glauque et baignant dans une atmosphère cyberpunk de premier choix, Zooropa n'hésite pas à prendre tout un tas de risques, mais il est réalisé avec une telle classe et un tel talent, qu'il est probablement (à mon sens bien sûr) le plus fascinant album de toute la carrière du groupe. Rien que ça.