Pur héros de propagande né en 1941 de l'imagination de Joe Simon et Jack Kirby dans le but de galvaniser les troupes US, le bien nommé Captain America disparaîtra tragiquement au début des années 50, avant de renaître de ses cendres par le biais de Stan Lee en 1963, d'abord dans les pages de la série "Avengers", puis dans ses propres aventures.
Soucieux de prendre leurs distances avec le profil initial du héros et de l'incorporer à l'époque contemporaine, Lee et Kirby vont légèrement modifier leur personnage, le parer d'une certaine complexité, de fêlures, de démons... ce que ne reflète pas franchement cette première intégrale, regroupant les épisodes publiés entre 1964 et 1966 dans les pages de la revue "Tales of suspense".
En effet, dans ses premières "nouvelles" aventures, Cap se contente de fracasser du communiste dans le plus pur style de l'époque ou de la crapule de bas étage, de louer le courage et la liberté d'une Amérique toute puissante, message puant finalement peu éloigné du "Captain America" des 40's. Des récits simplistes et redondants, aux dialogues peu inspirés (pas aidés par une traduction française à la masse, sale habitude chez Marvel), heureusement compensés par les superbes dessins de Jack Kirby, de temps en temps aidé par des artistes talentueux comme John Romita.
Le plus intéressant dans cette première intégrale réside dans les flashbacks ayant pour cadre la seconde guerre mondiale, dans les souvenirs hantés du Cap n'ayant pas eu le temps de faire le deuil de son équipier Bucky Barnes, et surtout dans son affrontement contre Crâne Rouge, super vilain fascinant et réellement terrifiant, obnubilé par la possession d'un certain cube cosmique qui sera au coeur d'une mythologie passionnante mais ici encore balbutiante.