Une cinquantaine de gags en une page mêlant l’absurde et l’humour noir : cette 1re tournée fait penser à Moins qu’hier (plus que demain). Mais le recueil m’a paru moins cohérent que l’album de 2018, alors que la plupart des planches d’Open bar ont été prépubliées dans les Inrockuptibles. Mais c’en est peut-être la raison : cinquante-deux planches, ça fait une par semaine, et il n’est pas impossible que la régularité de la publication nuise à l’ensemble. Je ne dis pas que ce rythme hebdomadaire serait trop soutenu : il n’est simplement pas un gage d’unité.
Pourtant, la technique est souvent la même : chaque planche propose une situation et un propos (dialogue ou quelquefois monologue) qui n’ont rien de drôle, ni de sinistre, ni même d’exceptionnel en soi. L’humour vient de la discordance entre les deux : le propos n’est jamais adapté à la situation – en termes de connotation, de convenances, de gravité ou simplement de timing.
À la rigueur, si on veut trouver une unité dans Open bar, il faut chercher du côté du trait : ces dessins en bichromie, presque figés, dont les visages anonymes et crispés paraissent tirés de catalogues publicitaires.