L'humour de Fabcaro est d'une simplicité tellement déconcertante dans sa structure, qu'on en viendrait vite à se dire que le filon sera épuisé au bout de trois strips. Car Fabcaro, auteur français aux adaptations filmiques et théâtrales de plus en plus fréquentes, enchaîne le travail de manière assez industrielle. La peur est raisonnable d'y voir une redondance et une perte de rythme, comme dans le cas du cinéma d'un certain Oizo. Et pourtant, il n'en est (encore) rien.
Tout est dans la gestion parfaite du rythme, dans cet enchaînement de cases aux personnages figés en pleine action, et bien évidemment dans cet absurde venant parasiter la chute... À moins que l'entièreté de l'univers de Fabcaro soit fondé sur des bases absurdes, et que ça soit par ses punch-lines criantes de vérité sur notre quotidien qu'il arrive à nous faire rire jaune ? Rien n'est moins sûr, quand on découvre qu'un éléphant est dans notre assiette ou qu'un bateau d'immigrés traverse la piscine municipale...
Mais si la structure est vite acquise, on rit quand même à gorge déployée à chaque nouveau gag, et on en redemande. Certes, il peut y avoir quelques blagues qui finissent par être anticipé à force, mais on reste gourmand de ce genre de merveilles humoristiques.
Chez Fabcaro, le trait est annexe, tout est dans la chute, digne d'un film des ZAZ, où absurde et cynisme s'entrelacent avec passion.