Les éditions Glénat sortent un coffret que vous aurez peu de chances de trouver d'occasion avant un moment. Tiré à seulement 2001 exemplaires, cet épais bloc de science-fiction qui réuni deux beaux volumes format A4 (ce qui pour du manga est assez grand) est en effet vendu 99 €. Chaque exemplaire est accompagné d’un ex-libris numéroté et signé, agrémenté au dos d’un authentique dessin original d’Hoshino – pour ce que nous en avons vu, en général un visage féminin de trois quart assez élégant. Dans ces conditions il est probable que ses acquéreurs ne le revendent pas immédiatement et que l’éditeur en distribue relativement peu. Aussi si vous voulez lire cette œuvre assez rapidement il vaut mieux aller l’acheter ailleurs que de l’attendre au rabais. Mais… est-ce que ça en vaut la peine, et d’abord qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Comme son titre l’indique cette œuvre fait référence au film de Kubrick et de Clarke, 2001 l’Odyssée de l’espace, sorti sur les écrans en 1968 et qui marqua profondément l’imaginaire des spectateurs de l’époque (monument qui, cela dit en passant, n’a pas pris beaucoup de rides plus de 40 ans après). Au milieu des années 80, Yokinobu Hoshino et son éditeur décident de rendre hommage au long métrage à travers une série de nouvelles. Le temps de 6 histoires l’exercice sera mené avec une efficacité réelle. L’auteur japonais parvient à décliner des situations du film avec le même souci de vraisemblance. On est en pleine SF hard science. Les vaisseaux, les capsules, les scaphandres sont bien dans la même veine que dans le Kubrick. C’est en quelque sorte fatal, puisque de toutes façons ils puisent également dans les mêmes sources et s’inspirent des recherches et développement des agences spatiales réelles.
Dès la septième histoire, Hoshino sent la limite du système et s’il garde le même tempo, il s’éloignera délibérément du carcan imposé poar son modèle initial. Les 13 autres nouvelles aborderont donc les 4 siècles à venir de la colonisation de l’espace.
Le dessin, digne produit d’une école réaliste japonaise où s’abreuvent aussi bien Otomo, Hôjô, qu’Ikegami et Taniguchi, est très maîtrisé et élégant. Si les personnages sont frappés par une trop grande standardisation, le style froid d’Hoshino colle très bien à la description des mécaniques volantes et des glaciaux espaces sidéraux. Des posters dépliants et de nombreuses pages couleurs accentuent des effets spectaculaires déjà abondants. Leur naïveté pompière heurtera probablement les sensibilités les plus austères mais réjouira les autres.
À moins qu’elle ne soit un premier contact avec le genre, cette œuvre ne devrait changer la vie de personne, mais elle demeure une bonne référence bédéïque en science-fiction. Je ne dirais pas un incontournable, mais plutôt un bon classique jusqu’ici inédit en France. D’Hoshino, nous n’avons d’ailleurs jusqu’à présent qu’eût droit au Trou bleu, chez Casterman en 1996. Les éditions Glénat comblent donc une lacune et se voit justement sélectionnées pour le prix du patrimoine à Angoulême 2013.
L’objet est joli, les livres ont une prise en main agréable, le paier est épais et l’impression est de qualité – je l’écris en gras car c’est important et rare.
Donc pour conclure je vous dirais que si vous gagnez au moins 2500 euros par mois et que vous aimez la science-ficition, l’achat de ce coffret est tout à fait valable. Si vous gagnez 1800 euros par mois et que vous voulez faire très plaisir à quelqu’un qui aime la science-fiction, alors c’est aussi valble. Sinon… c’est peut-être un investissement un peu excessif.
2001 Night Stories de Yukinobu Hoshino, coffret réunissant deux volumes, ex-libris n° et s. 99€.
Pour info il semble que le sous-titre étrange « version d’origine » soit une concession aux éditeurs japonais pour qui cela signifierait en français quelque chose comme « la version telle que l’auteur l’aurait toujours voulue ». Il est vrai que le français du Japon n’est pas exactement le même qu’ici.