-20% sur l'esprit de la forêt par belzaran

Auteur actuellement très prolifique, Fabcaro a développé ses œuvres sur la base d’un humour absurde et décalé. Outre sa série d’ouvrages autobiographiques, l’auteur a écrit « La clôture », une bande-dessinée expérimentale où personnages se mêlent dans un joyeux bordel qui ne se comprend qu’une fois les dernières pages lues. Fabcaro récidive dans le même style avec « -20% sur l’esprit de la forêt », paru chez « 6 pieds sous terre », une maison spécialisée pour les expérimentations.

« -20% sur l’esprit de la forêt » est difficile à définir. Sous couvert d’un bordel sans nom difficilement compréhensible au départ, c’est avant tout une œuvre pleine d’humour et de tendresse sur la fin de l’enfance. On retrouve ainsi un Fabcaro qui joue aux cowboys. Suite à une mauvaise imitation de Jean-Pierre Bacri, il se retrouve poursuivi par toutes les polices de l’état. Il faut dire qu’il a battu son adversaire (un playmobil) dans un duel à mort où il lui avait lancé une feuille...

Un minimum d’ouverture d’esprit sera nécessaire pour apprécier cette BD ! Complètement incompréhensible et absurde au départ, elle prend peu à peu du sens. Ainsi, Fabcaro explique que quand il jouait dans les escaliers (avec ses playmobils justement !), il entendait en même temps ce qui passait à la télévision. Résultat, quoi de plus normal que d’intégrer des scènes des émissions de télé en plein milieu de l’histoire ?

Heureusement, on est rapidement happé par l’humour ravageur de l’auteur. Fabcaro manie l’absurde comme peu en sont capables et fait mouche sans peine. Malgré un décalage souvent énorme par rapport à la trame principale, il parvient quand même à faire rire. Si bien qu’on s’accroche rapidement sans trop d’efforts jusqu’à ce que tout prenne sens. Car sens il y a ! Au fur et à mesure, on découvre un Fabcaro dont le métier est incompris, empêtré dans un quotidien très loin de ses idéaux. Et quand les dernières pages arrivent, on se retrouve ému, touché par cette histoire qui ne peut que nous rappeler notre propre enfance perdue. Après un ouvrage foutraque plein d’humour absurde, l’auteur nous donne une dose de nostalgie incroyable. D’un coup. Du grand art !

Le dessin de Fabcaro, très relâché et expressif est toujours un régal. Il renforce sans peine son humour. Son noir et blanc est très élégant et bien plus riche qu’il peut paraître au premier abord. L’auteur s’autorise même quelques digressions bienvenues.

« -20% sur l’esprit de la forêt » est une œuvre exigeante et difficile d’accès. Clairement expérimentale, elle n’oublie pas pour autant son but premier. Dotée d’un vrai message, bourrée d’humour et à l’impact émotionnel insoupçonné, elle prouve l’immense talent de Fabcaro, capable de faire de ses ouvrages les moins accessibles les plus passionnants. Difficile en tout cas de refermer cette BD sans y repenser à de nombreuses reprises. Et vous, de combien avez-vous bradé votre esprit de la forêt ?
belzaran
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le 2 janv. 2014

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