J'ai essayé de faire une critique minimisée pour éviter un maximum le spoil.
Je me suis toujours demandé pourquoi 20th Century Boys était un classique, plus jeune j'ai eu l'occasion de regarder son film live, mais je n'y comprenais rien. Aujourd'hui en terminant la version papier j'en suis tout retourné. J'arrive à peine à croire que Urasawa a réussi à concocter une telle histoire à partir d'un début si enfantin en jouant avec les époques et le suspens, en coupant le récit au bon moment pour frustrer le lecteur et ajouter des couches de mystère supplémentaire.
1969. Kenji est un enfant comme les autres. Grand rêveur comme tous les gosses de son âge, il se voit comme un justicier ou un chanteur de rock dans le futur. Une époque si paisible où les relations amicales naissent, une époque où le lecteur se pose déjà quelques questions sur les événements vus par les yeux de ces gamins. En 1997 l'intrigue n'est même pas totalement lancée. Kenji devenu propriétaire d'un convini vit une existence monotone auprès de sa mère et de sa nièce Kanna tout en gardant contact avec ses amis d'enfances. Un beau jour il apprend que la famille d'un professeur d'université a disparu et en allant sur les lieux, il découvre un symbole que lui et ses compères avaient créé trente années plus tôt, l'emblème et le drapeau de leur base secrète. J'aimerais en dire davantage sans spoiler, mais préparez vous à vivre une aventure hors du commun à travers les générations grâce à un récit qui commence en 1969 et se termine après le calendrier chrétien. Intéressant non ?
Narrativement parfait malgré un équilibre qui semble difficile à tenir (à première vu) avec des sauts dans le temps à tout-va, 20th Century Boys est une pure réussite scénaristique. On y rencontre une palette de personnage divertissant dont des héros qui n'en ont même pas les traits et Urasawa le prouve avec des moments de doutes en appuyant sur leurs humanités et leurs impuissances face à une spirale infernale qui les dépasse. Rien n'est la par hasard. Les événements sont hallucinants et bien rythmés. Certains frôlent même le grotesque tellement ils sont durs à avaler. Une histoire parsemé d'indices qui passent inaperçus sous notre nez tout le long afin qu'ils nous giflent grandiosement lorsqu'ils sont révélés. Un suspens constant qui joue avec notre curiosité, une oeuvre qui sait donner des réponses tout en posant des nouvelles questions.
Je suis content (?) et je remercie Urasawa pour la conclusion de son oeuvre - qui en rend perplexe plus d'un par son gout inachevé ou bâclé - pour apporter cette touche de joie humaine qui manquait tout le long de ces 22 tomes. Frustré de ne pas avoir trouvé assez de réponses ? Vous pouvez relire 20th Century Boys du début avec votre point de vue actuel où vous rabattre sur les deux tomes de 21st Century Boys. Ce thriller temporel m'a mis dans tous mes états au point de vouer une grande admiration pour ce mangaka d’exception. Encore plus après avoir vu son live à la Japan Expo où il chante la fameuse chanson de Kenji. Un homme à tout faire. Un génie qui fait son travail comme un jeu d'enfant.
https://www.youtube.com/watch?v=7ewHHiQoHfs