Des jeunes tokyoïtes des années 60 décrivent dans un « cahier de prédiction » l’avenir de l’humanité. Une vingtaine d’années plus tard, « Ami », le gourou masqué d’une secte, prend le pouvoir au Japon et réalise petit à petit les prédictions du cahier qui n’était pourtant à l’origine qu’un simple délire de gamin. La bande se reforme afin d’empêcher le parachèvement de toutes les prédictions dont, entre autres, un bain de sang au réveillon de l’an 2000.
Mon Dieu que c’était mauvais. C’était long, c’était niais, mais c’était surtout d’une vacuité…
Si les premiers tomes sont attirants, on se rend vite compte que ça deviendra chiant car Urasawa n’a absolument rien à raconter. Il se contente d’atours grotesques et d’effets de mise en scène qui, surutilisés, deviennent rapidement gênants et d’un ridicule rare…
20th Century Boys est une succession de « cliffhangers », de coïncidences miraculeuses et de deus ex machina malvenus. C’est ce genre d’histoire où tout a un sens, où tout est lié, où l’intrigue n’avance que par coups du hasard, du destin ou de pressentiments… où chaque membre de cette petite famille se retrouve, indépendamment des autres, mêlé à une grande épopée d’ampleur mondiale… Mais genre c’est vraiment ça, je n’exagère même pas…
En fait, le manga ne tient la route que par ses effets de mise scène. Le suspense est bien géré et c’est tout.
Un exemple qui résume à mon sens fort bien l’ensemble du manga c’est le mystère sur la salle de bio. Une nuit un des gamins est traumatisé par un truc à l’école, il n’en touchera mot à personne puis mourra (on le suppose) des suites de ce qu’il a vu. On en apprend pas plus mais le mystère refait surface à un moment crucial de l’intrigue et se révèle même être une des clefs de l’énigme car les personnages vont chercher à savoir ce que leur pote a vu 40 ans plus tôt. Et là tout ce passage était très bon car Urasawa sait vachement bien gérer le suspense et la tension… tous ces petits effets spectaculaires de mise en scène trouvent ici tout leur sens. Mais là où le bât blesse c’est quand on sait qu’on sera déçu par une révélation débile pas du tout à la hauteur de l’attente suscitée... Dans n’importe quel autre manga les révélations c’est plutôt positif ben pas là… du coup on souhaite que ce petit suspense éphémère dure et s’étire dans tous les sens parce qu’on sait que de toute manière ça débouchera sur un pétard mouillé… et 20th Century Boys c’est ça de A à Z. Du vide joliment enrubanné et rien d’autre...
De mémoire, Monster avait une enquête intéressante et l’intrigue se tenait. Là c’est du grand n’importe quoi. Tout part en vrille, trop de sous-intrigues inintéressantes naissent, se multiplient et se retrouvent intriquées comme par magie… car tout est lié et le monde entier tourne autour de cette bande de pote, de leur quartier d’enfance et du quartier à pute de Kabukicho.
Tout est tellement grandiloquent que ce n’est même plus intéressant… je ne peux pas prendre au sérieux ce genre de truc. Le prêtre de Kabukicho qui connait le pape en personne… la nièce du personnage principal qui réconcilie les gangs de Tokyo après avoir ruiné un casino car elle a des dons de prescience (c’est jamais expliqué mais bon)… l’autre au début qui s’évade d’une taule dont on ne s’évade jamais (évidemment) mais par pitié… là je cite les trucs qui me reviennent mais il n’y a vraiment que ça du début à la fin.
Notons aussi le gauchisme huileux dans lequel baigne le manga. Il y a vraiment des signes qui ne trompent pas... le jeunisme sirupeux de l'auteur... sa manie de mettre en scène et d’humaniser des travelos et des clodos… et les minorités ethniques partout dans Tokyo… on sent à quel point l’auteur le désire ce Japon cosmopolite… (du coup je comprends mieux toutes ces niaiseries sur les turcs dans Monster) mais on est encore loin du truc moralisateur bien lourd donc ça va.
Le manga aborde des thèmes tels que la dictature de la pensée, la manipulation des masses, la réécriture de l’histoire, la propagande… bon j’ai trouvé ça niais donc je ne vais pas en parler.
Les envolées mélodramatiques hallucinantes de niaiseries j’en parle pas non plus. Enfin je les mentionne pour signaler qu’elles existent parce qu’on a quand même parfois de véritables attentats à la pudeur avec des larmes et de l’émotion dégoulinant de partout.
Et il y a cet espèce d'humanisme ambiant qui fera que passés les premiers tomes les personnages penseront et agiront tous d'un seul bloc... personnages qui sont soit chiants soit transparents (parfois les deux) d'ailleurs. La nièce par exemple est assez insupportable dans son genre à jouer au meneur alors qu'elle est impulsive et immature... Mais bon comme chaque personnage a un destin hors du commun il va lui arriver des trucs... de simple étudiante anti-flic elle passe chef de faction terroriste hippie... (la pente fatale...)
En arpentant des fils de discussion sur ce manga j'ai vu un type dire "ouais ce qui est bien avec Urasawa c'est que ses histoires ne sont pas manichéennes"... Euh... Bien sûr que si, c'est même éminemment manichéen. Il n'y a pas un seul méchant de développé (à commencer par Ami lui-même) et c'est clairement voulu.
Et
lorsque le bras droit d'Ami tourne casaque ça ne compte pas... le type s'est allié à un cinglé souhaitant génocider la Terre par appât du gain et de la gloire (c'est vraiment le mobile) et fait une petite crise de conscience dans l'avant-dernier tome alors qu'à ce moment-là... 80% de la population mondiale a été exterminée (et il y a joué un rôle actif)... ça semblait si surréaliste que j'ai cru à une feinte mais non il change vraiment de bord à la fin... la bonne blague...
A la limite j'aime bien la lycéenne embarquée dans l'histoire malgré elle (je sais plus son nom)... parce qu'elle n'arrête pas de dire que ça ne la concerne pas et ça se voit qu'elle s'en branle de tout (et elle est marrante un peu)
Le manga est imprégné de culture rock/hippie et populaire. Il y a partout des références à des groupes, à des mangas de l’époque, au catch, à des morceaux de rock... et je dois dire que c’était peut-être le détail qui m’a le plus incommodé. J’ai jamais aimé le rock et toute cette sous-culture dégueulasse qui gravite autour… cette passion pour le rythme déjanté et pour la guitare… ce culte voué à Woodstock, aux années 60, au mouvement hippie… voilà… tout ça est omniprésent et c’était franchement insupportable.
En fait le manga n’a vraiment rien de japonais. D’ailleurs pour moi c’est très clair maintenant : Naoki Urasawa est un américain. Toutes ses références sont américaines… les films, la musique, les stars comme Hulk Hogan ou je ne sais quoi… une véritable victime du soft-power américain. Il est peut-être né japonais mais là il nous montre clairement qu’il a muté en yankee mental.
Je lirais tout de même ses autres mangas (Pluto, Billy Bat) car Monster de mémoire était très bon… En attendant je garderai de 20th Century Boys le souvenir d’un Mary-Sue d’une vacuité innommable et dont l’intrigue est d’une grandiloquence et d’un désordre tels qu’elle en devient inintéressante et ridicule.