[Précision : cet avis vaut pour la série dans son ensemble. Même si 21st Century Boys a souvent été considéré comme la bouée de sauvetage du final de la série initiale, les deux forment aujourd'hui un tout indissociable et les dernières éditions (Deluxe) n'en font d'ailleurs plus qu'un seul et même titre.]
Si vous prêtez attention aux Tops et autres listes d'incontournables que l'on peut trouver sur le net, vous aurez très certainement vu ce manga y figurer parmi à de multiples reprises.
Ce qui peut sembler surprenant, dans la mesure où le synopsis ne lui rend pas vraiment hommage. On y parle d'enquête policière, de meurtres et de sectes voulant contrôler le monde. Autant d'éléments qui, sans tenir compte du talent de l'auteur, peuvent inspirer le déjà vu et la facilité.
Malgré tout, dites vous bien que ses récompenses ne sont pas volées !
J'ai entamé ma toute première lecture de 20th Century Boys alors que je venais d'être conquis par Monster et en dépit de mes attentes déjà élevées, cette série m'a véritablement épaté.
Axée autour de deux thèmes principaux que sont le complot et l'enfance, cette série construit une intrigue forte et prenante comme j'en ai rarement vu dans d'autres mangas. Pour maintenir le lecteur en haleine, l'auteur utilise plusieurs procédés qui confèrent à l’œuvre toute sa spécificité.
Le plus marquant est sans conteste l'alternance des chronologies. Dès les premiers chapitres Urasawa juxtapose différents contextes temporels sans chercher à les introduire. C'est donc en voyant le récit se construire simultanément sur plusieurs périodes que le lecteur va progressivement se faire une idée de ses véritables tenants et aboutissants. C'est déstabilisant au début, mais au fil des pages ça devient plutôt addictif.
En complément de cette forme narrative, l'auteur parvient à mettre en place énormément de personnages sans pour autant lésiner sur leur intérêt. Cela explique aussi (en partie) la longévité de la série. Car chaque protagoniste a droit à sa présentation et il n'y a pas d'intervenants qui ne finissent pas, tôt ou tard, par avoir une certaine importance dans le scénario.
Enfin, le dernier élément original qui contribue à l'immersion dans l'univers de 20th Century Boys réside dans le choix de ce qui n'est pas montré. Forcément je ne peux pas trop en dire à ce sujet sans risquer de vous spoiler mais sachez que certains éléments décisifs ne sont qu'évoqués sans jamais être illustrés pour le lecteur. C'est un peu comme si, dans un roman policier, le lecteur n'avait que les témoignages de certains personnages pour seul écho de la scène de crime. Cet aspect renforce l'immersion en ce que le lecteur ne dispose pas d'éléments objectifs inaccessibles aux autres protagonistes sur lesquels il pourrait fonder ses raisonnements.
A travers tous ces artifices, le manga devient autant une œuvre d'ambiance qu'une série policière. Et ce n'est pas plus mal car le plus gros défaut du titre réside dans ses conclusions assez décevantes. Si l'on ajoute 21st Century Boys, je dirai que l'histoire compte 4 arcs narratifs majeurs. Hélas, passé le premier dénouements, les autres ne sont plus à la hauteur de tout le développement qui s'est fait en amont. C'est sans doute un peu la faute au point que j'évoquais précédemment car, fatalement, il est difficile d'être impressionné par ce que l'on ne voit pas. Mais je pense aussi que c'est lié au caractère répétitif de ces conclusions. Même si les plans d'Ami (l'antagoniste principal) ont des objectifs différents, force est de constater qu'ils tournent toujours autour des même domaines. En outre, à partir du 3e arc, on voit pointer quelques éléments de redite et de surenchère.
En fin de compte, ce sont ces déceptions justifient les étoiles manquantes dans la note.
Maintenant, dans la mesure où, malgré cela, la série offre tout de même un très bon moment de lecture, je ne me vois pas lui en tenir trop rigueur.
Sur la forme il n'y a pas grand-chose (de mal) à dire. Le dessin (emblématique du style de l'auteur) est très bon et convient parfaitement à ce type de récit.
Seule l'édition pêche un peu avec des erreurs de placement de texte dans les bulles et un sous-titrage totalement maladroit. En effet les éléments écrits (enseignes, affiches, etc.) présents dans les cases n'ont pas été traduit dans le dessin en lui-même. Toutefois, la traduction associée via astérisque est souvent très mal placée et le tout nuit vraiment au confort de lecture. D'autant que c'est quelque chose de récurrent.
Malgré tout, rien ne devrait vous décourager d'aborder cette série.
Autant culte qu'accessible, 20th Century Boys est un must du manga qui vous fera passer de très bon moments.
A découvrir d'urgence pour ceux qui ne connaissent pas.
Quant aux fans, il ne nous reste plus qu'à espérer que Panini édite la "vraie" édition parfaite avec toutes les pages en couleur et la nouvelle fin écrite en décembre 2016. Car ce qui fait office d'édition Deluxe en VF n'est, pour l'instant, ni plus ni moins qu'une édition double.