Tome 1 :
... La question se pose, car la nouvelle (et courte) saga s'ouvre quelques minutes seulement après (voire avant) le triomphe de Kenji sur la scène de l'Exposition Universelle permanente, et on réalise immédiatement que Urasawa n'avait clairement pas terminé son chef d'oeuvre avant son interruption forcée. Ce qui irrite ici, c'est le fait que le(s) scénariste(s) - Urasawa se fait aider, cette fois -, au lieu de se concentrer sur la résolution de la large part d'inconnu restant au coeur de l'histoire d'Ami, se sentent obligés de rajouter un suspense additionnel, pour le moins artificiel. Ceci dit, Urasawa a eu une illumination, celle d'introduire le concept de "la copie de la copie", version à chaque fois dégradée de l'original : si l'on imagine Fukube - et son second cahier de prédictions - comme une copie perverse et délirante de Kenji, nous voilà avec une fiction-spirale qui fait un tour de plus sur elle-même, et réussit non seulement le tour de force de dédoubler un personnage invisible (le très beau personnage de Sadakiyo), mais de faire de ce nouveau spectre une copie de Fukube, mais une pâle et débile copie, justifiant finalement les délires destructeurs de plus en plus ridicules du scénario d'Ami, tout en creusant cet univers de faux-semblants qui fascine irrémédiablement dans "20th Century Boys". A partir de là, on peut retourner errer à jamais entre souvenirs trompeurs (qui a été bon, qui a été mauvais ? qu'a-t-on vraiment fait que notre inconscient a effacé ? etc.) et réalité virtuellement reconstituée : ces séjours dans le simulateur d'Ami, entrecroisés avec les flashes de la mémoire des personnages restent la partie la plus magique peut-être du "concept" mis en place par Urasawa.
Tome 2 :
"Le monde ne finira pas dans un bang, mais dans un soupir".. Qui disait ça, déjà ? En tout cas, Urasawa a retenu le conseil, et termine la redoutable "intrigue" de son chef d'oeuvre sur un dernier retour en arrière, lui permettant de résoudre bien entendu l'ultime défi d'Ami (pas le plus passionnant, nous l'avons déjà dit), mais surtout de donner à chacun cette chance de rachat qu'il mérite. Le mot-clé de cette conclusion, c'est donc la générosité, voire le pardon, ce qui n'est pas si évident que celà. C'est aussi la croyance en une deuxième chance, que ce soit dans le monde virtuel (Manjûme) ou dans le futur réel (jolie parabole sur les prochains défis de l'humanité que nos "héros" peuvent affronter). Nous ne finirons pas quant à nous ce 24ème commentaire sur l'oeuvre la plus marquante de notre année, toutes catégories confondues, sans nous étonner une fois encore du culot incroyable de Urasawa, qui ose ramener la résolution de l'énigme qui tient le plus à coeur à ses milliers de lecteurs de par le monde, à un simple dialogue anodin, comme en passant, sur le toit d'un immeuble baigné de soleil (on imagine) ! Ou plutôt à une simple question, naturellement sans réponse. Mais, bon dieu, qui est ce foutu Katsumata... !!?? Strike !