Veni, vidi, vici

Le problème majeur de ces séries de bd, où le scénaristes et dessinateurs changent à chaque tome, est la différence de qualité parfois trop marquante. Tant au niveau du dessin que du scénario. Le premier tome basé sur Obeyron promettait d'ouvrir les portes à un univers fantastique mature et violent, au coeur de conflits religieux et politique. Malheureusement, les opus suivant ne sont pas parvenus à maintenir le niveau, bien qu'ils ne soient pas dénués de qualité. Le procédé de changer de point de vue, d'axer l'intrigue sur une autre part de l'univers permet effectivement d'apporter une certaine profondeur à l'ensemble mais il marque également une certaine contrainte dans la mesure ou à chaque fois le scénariste doit se contenter d'un seul tome pour à la fois introduire et développer ses personnages centraux. En outre, chaque tome se devant d'introduire un pan du fil rouge liant l'ensemble et se concluant dans le tome final, aucun d'entre eux ne peut réellement se permettre d'achever totalement son intrigue, laissant un arrière goût d'inachevé. Finalement, le potentiel de ce monde fantastique et religieux parait bien peu exploité. Si chaque tome prend effectivement soin d'introduire de nouvelles facettes (les banques, les cultes, les légendes, l'économie, les royaumes) chaque élément est bien vite survolé, sans qu'on y revienne réellement dans le tome suivant.

A ce niveau, la saga Elfe s'en tirait un peu mieux, même s'il on peut là aussi déplorer une différence de niveau importante tant au niveau du dessin que du scénario. Ce 6 ème opus prend donc la lourde tâche de conclure l'intrigue globale liant les 6 inquisiteurs, tout en tâchant de jongler entre la ribambelle de personnages centraux introduits dans les précédents opus. L'exercice marque déjà quelque signes de faiblesses vis à vis de nos 5 héros car si le tome met à l'honneur Nikolai, Obeyron et Aronn, on ne peut pas en dire autant de Mihael et Sasmael trop mis en retrait. Les elfes de chaque inquisiteurs, pourtant personnages centraux des 5 premiers tomes, sont quant à eux inexistant. Les 5 inquisiteurs possèdent néanmoins une bonne dynamique, palliant au manque de développpement des autres personnages.

L'inquisition en elle même, est trop survolée ne mettant en avant qu'un seul juge. De même bien que le rythme soit soutenu tout au long du tome et que l'action et l'épique ne soit pas mis de côté, on regrettera la résolution un peu facile du dénouement. Si les révélations et les péripéties s'enchaînent avec rigueur et cohérence, les antagonistes paraissent tout de même un peu lisses et caricaturaux, tant dans leurs motivations que dans leurs caractères. Le dessin de Stefano Martino est agréable mais souffre parfois de quelque manque de détails au niveau des plans d'ensemble et du décors.

Pour conclure, la saga des maitres inquisiteurs n'est pas une mauvaise série mais elle ne marquera pas non plus les mémoires. Si les 6 tomes se laissent lire sans déplaisir, le sentiment que cet univers aurait pu être plus prometteur, plus exploité demeure.