dec 2007:

Première partie :
Découverte totale pour ma part. Je ne connaissais ni l'histoire, ni les auteurs. J'ai emprunté cette bédé parce que le dessin m'a tout de suite attiré. On aurait dit du Chaland. J'adore Chaland, j'adule cette école réaliste, sorte de franco-belge dégénérée, années 80.
Et c'est vrai que le dessin est pour beaucoup dans le plaisir que j'ai eu à suivre cette histoire. Que l'on pourrait faire précéder d'un H majuscule. En effet, on suit les aventures de deux frères et de leur acolyte bolchevique, en pleine révolution et contre révolution. L'armée rouge se bat contre la blanche dans le fracas étouffé par la neige d'une guerre civile bien cruelle.
Comme d'habitude avec cette école particulière, le dessin parait conçu pour le divertissement du lecteur mais derrière ce semblant spectaculaire et bonhomme se cache la tragédie et l'horreur du récit, les lâchetés immondes, l'absurdité, la monstruosité humaine, la petitesse, le sordide, le glauque. L'humour y est par moments présent, en jet noir, acide, des crachats fielleux, une arme bien souvent utilisée pour dénoncer l’imbécillité voire la duplicité de la thèse bolchévique.
C'est pas mal j'avoue.

Deuxième partie:
Alexis Strogonov se retrouve dans l'Allemagne des années 20, fait la connaissance d'un Berlinois qui rentre de Sibérie. Ils vivotent d'abord chez un parent, vendeur de saucisses, bête comme ses saucisses et évidemment adepte du nouveau mouvement pan-germaniste. Très vite, ils intègrent l'UFA...
Ces aventures m'ont interpellé notamment parce que j'ai vu récemment Berlin Alexanderplatz. Immanquablement j'y ai repensé lors de ma lecture. Le contexte, les errances politiques autant que sociales des personnages se ressemblent.
L'aventure est plus drôle que les précédentes. Le sordide affleure sans trop émerger. L'humour y est toujours plutôt noir. C'est toujours aussi intelligent. Peut-être qu'un semblant de dératé dans le rythme abîme un peu la continuité de la lecture. Mais légèrement seulement.

Troisième et dernière partie:
Cette fois, Alexis atterrit dans les Balkans. Il est pris en quelque sorte en otage par des terroristes séparatistes entre leurs exactions répétées dans un élan suicidaire d'entre-étripage frénétique. On retrouve l'infâme barbarie du premier épisode. Ainsi que l'humour noir, ténébreux fustigeant l'absurdité de l'âme humaine, sa violence irraisonnée, sa coupable tendance à la destruction, surtout l'auto-anéantissement.
Fin, intelligent, le récit manque un peu d'équilibre dans le rythme avec une dynamique un peu trop redondante vers la fin. Mais là encore, ce petit bémol reste tout petit.

Conclusion :
Le premier tome offre une découverte intrigante autant que charmante. Le second appuie sur la même pédale. Et le troisième finit d'emporter mon adhésion. De 7/10 je passe à un 8 bien tassé et mérité!
Alligator
8
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le 10 nov. 2013

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