Ou devrais-je plutôt demander, fallait-il un tel retour en arrière dans la série ? Cet album fait suite à Un Deuil dans la famille, album devenu un classique où Batman perd pour la deuxième fois son précieux assistant, Robin, le premier (Dick Grayson) étant parti à New-York voler de ses propres ailes, le deuxième (Jason Todd) quant à lui est mort de la main du Joker. Après plusieurs séquences pleines de pathos, où l'on comprend bien que Bruce Wayne se remet difficilement de la mort de son protégé pour laquelle il culpabilise, culpabilité qui touche son émotivité et ses facultés de détective, on suit un mystérieux enquêteur qui semble épier les moindres faits et gestes de Batman. Ce même enquêteur qui se révèle être un gamin de 13 ans ira ensuite se présenter à Dick Grayson pour lui signifier, d'une part qu'il sait tout de lui et de Batman, d'autre part que son ancien mentor a plus que jamais besoin de lui.
Une mise en scène assez rocambolesque pour introduire celui qui deviendra le troisième Robin, Tim Drake, un petit futé qui a percé le secret du Chevalier Noir de Gotham City. Au-delà de l'aspect assez peu convaincant de la chose, on peut se demander pourquoi avoir fait mourir Robin si c'était pour le remplacer par un autre 8 numéros plus tard. Déficit de popularité de Jason Todd auprès des lecteurs ? Jason était certes un jeune parfois effronté mais il avait au moins le mérite de tenir tête à Batman, loin du caractère plus lisse du premier Robin ou de celui très "premier de la classe" de Tim Drake. Le côté sombre de son personnage aurait constitué le parfait sidekick du Batman plus noir post-Miller.
Cet album m'a donné le sentiment d'aller à contre-courant de la direction prise par Batman et l'industrie du comics en général, qui était en train de signer la fin de l'Âge de Bronze pour entrer dans un âge plus sombre et plus mature. Preuve du côté rétro, le dessin complètement daté du vétéran Jim Aparo et de George Pérez et la colorisation assez fadasse d'Adrienne Roy, qui nous renvoient trois ou quatre ans en arrière, très éloignés en tout cas des travaux novateurs de David Mazzucchelli, Alan Davis et Todd McFarlane pour ne citer que les artistes contemporains du titre mensuel.
Idem pour tous ces personnages très ancienne école que sont les Teen Titans, un Double-Face très convenu, pour une enquête elle-même finalement assez classique.
Un épisode majeur dans la continuité du titre mais une direction elle-même assez discutable.