20 juillet 2001, fin d'après-midi, Gênes. Carlo Giuliani, jeune activiste altermondialiste de 21 ans, est tué par un policier assis à l'arrière d'une jeep lors d'un sommet du G8. La famille réclame un procès, qui finit par avoir lieu, mais malgré les témoignages confus et changeants des policiers (à qui on a donné la possibilité d'accorder leurs versions), on conclut à un non-lieu.
C'est un livre-enquête, qui compile les témoignages et les analyses des contradictions de la police, avec parfois des détails terribles (sur certaines images, on voit la jeep rouler deux fois sur le corps de Carlo !). Mais c'est aussi une sorte de mémorial pour un jeune homme qui cherchait sa place dans la société, avec une forte volonté de s'engager pour de justes causes.
Le graphisme passe, même si l'articulation entre les visages (expressifs mais presque trop) et les corps (plus lourds) a parfois quelque chose de maladroit. Le problème, c'est que le livre veut faire beaucoup de choses, mais semble les faire en passant. Quelques exemples :
Le rappel du contexte (la tenue du G8) tient en quelques bulles, sans véritable explicitation des motivations des manifestants.
La reconstitution de la manifestation mentionne des rues précises, comme si le lecteur était censé connaître, mais un plan aurait été utile pour comprendre vraiment en quoi les forces de sécurité sont coupables d'avoir provoqué l'incident, en tendant une sorte de guet-apens aux manifestants.
La volonté de réhabiliter la victime en montrant son aspect humain est également assez maladroite : les parents sont mis en scène avec un symbolisme un peu lourd, qui frise le pathos (je pense au leit-motiv, du rouleau de scotch que l'on déroule, allusion au rouleau que Carlo utilisait comme brassard).
Au final, l'émotion prime sur l'explication, ce qui est un peu dommage. Je ne dis pas que c'est un livre inutile, loin de là. Je pense simplement qu'il aurait pu aller encore plus loin en maturant un peu.