L'art peut-il faire quelque chose contre la guerre ?
Ce recueil a une moyenne de 10, et il ne faut pas que ça change. (*)
Pourquoi ?
Contexte: En Juillet 2006, Israël entre en guerre avec le Liban. Mais les caméras de TF1 & consorts sont monopolisées par la Coupe du monde de football. Super. Mazen Kerbaj, artiste libanais aux multiples talents (dessin, peinture, musique..) décide de faire un blog afin que le monde soit au courant de ce qui se passe dans son pays.
Et là, ça devient époustouflant. Kerbaj nous touche dans chaque dessin, qu'il nous arrache une larme, nous donne envie d'éclater de rage ou nous tire un sourire. Kerbaj est ironique, cynique, il dénonce, souffre, crève de peur, de rage, mais s'adonne parfois à la tendresse, quand il évoque son fils, ou sa mère (l'artiste Laure Ghorayeb), l'un découvrant l'horreur de la guerre, l'autre la vivant pour la seconde fois.
La visée de Kerbaj n'est pas politique. En aucun cas il n'appelle à la haine envers Israël. Il s'agit juste de la dénonciation de la connerie & de la la cruauté humaine, sans nationalité particulière. Et derrière tout ça, toujours l'espoir que son histoire, que l'histoire du Liban soit entendue par le plus grand nombre. A cette époque, Kerbaj autorise ainsi quiconque à diffuser librement ses dessins, par exemple en les affichant dans les rues occidentales, pour toucher un maximum de personnes. C'est la diffusion de la vérité qui lui importe. La diffusion de l'horreur qu'il vit.
Et évidemment, la qualité du dessin est indiscutable. Parfois proche du Picasso de Guernica, Kerbaj possède nonobstant un style bien à lui, brut, qui frappe là où il faut, très souvent en noir & blanc, avec des visages distordus ou croqués avec rapidité, afin d'aller au plus vite à l'essentiel.
Si cette funeste période est révolue, Mazen Kerbaj continue tout de même à alimenter son blog.
Et comme il est doué, c'est quand même bien d'acheter son recueil, d'autant que le rendu est évidemment toujours meilleur sur papier.
Edité à L'Association, qui souvent propose de très bonnes oeuvres.
Je vous recommande également l'écoute de son "duo avec l'aviation israëlienne", morceau réalisé à la trompette tandis que Beyrouth était bombardée...
* Je ne touche pas de royalties sur cette oeuvre. Haha.
Juste, je vous encourage à la lire, parce qu'un truc aussi poignant, aussi déroutant, c'est rare.
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