Il aura donc fallu attendre un peu plus de neuf mois pour avoir ce nouveau volume. Quelques pages suffisent pour nous remettre dans le bain de l'univers de la radio et du curry. Re-bienvenue dans cet univers un peu barré quand même !
La femme qui a vu l'ours (brun)
La jaquette du tome 4 ressemble à un tableau. Je ne suis pas capable de dire à quels auteurs elle me fait penser mais elle me paraît aller au-delà d'une illustration standard. Et puis on retire la jaquette pour entamer la lecture et on se trouve face à... un récit érotique recto-verso sur la couverture. Qu'on se le dise : Born to be on air! continue à surprendre ses lecteurs !
Comme dans les volumes précédents, l'auteur nous propose un voyage sans retour avec au programme : de l'alcool, Freud, un téléphone qui souffre, Mylène Farmer, une natte de bambou, un ours brun, le rappel que Makie n'est pas affiliée au Ittô-Ryû, des messages subliminaux, Yukari Takinami et des tortues qui ont faim. Ce tome fourmille d'idées, de rapprochements surprenants, de juxtapositions saugrenues qui, pour un peu, réactiveraient les belles heures de l'écriture automatique.
Magie des mots
Le volume est aussi savoureux par les échanges animés qui le composent. Le plus savoureux est celui entre Minare et sa nouvelle meilleure ennemie : l'animatrice vedette de MRS : Madoka Chishiro. Avec son air de Jie Mao elle manie bien l'art de casser ce qui donne lieu à des échanges grandioses avec Minare. L'autre échange marquant, plus court, concerne le brave Chûya qui va faire la rencontre du frère de Makie. Et quand il apprend que la frangine dort chez Chûya le frangin va péter les plombs (vous devez lire la page 22 du tome).
Á dire vrai il y a tellement d'échanges qui valent le coup qu'il faudrait mentionner toutes les pages du volume. Contrairement à d'autres titres, il est difficile d'isoler une phrase, tant elle s'insère dans une suite, appartient à un ensemble où elle s'insère parfaitement. Aussi on ne peut que souligner le travail de traduction et d'adaptation d'Anaïs Kochelin qui rend toujours aussi bien la verve de Minare (et des autres personnages !), sa mauvaise foi, ses envolées lyriques, les ruptures de tons...
Un peu de sérieux
Si le volume est donc désopilant il n'empêche qu'il contient aussi ses moments plus sérieux, qui font réfléchir. Que cela concerne la jeunesse de Madoka, la volonté réaffirmée de Makie de trouver sa voie ou le propos de Katsumi Kureko (lisez la page 130, vraiment) les propos et les planches sont parfaitement ciselés pour modifier l'ambiance en quelques phrases.
En somme, derrière les rires et les prises de becs, le manga nous montre aussi le quotidien pas toujours facile de personnes qui font face à diverses galères (voire les provoquent...), s'efforcent de faire au mieux. On le voit avec les titres des chapitres, qui continuent de synthétiser l'état d'esprit d'un personnage avec la prédominance de négations, l'affirmation d'une résistance, d'un refus ou d'une envie.
« Tu es sûre que c'est la destination finale du voyage de ta vie ? »
Cela fait donc du bien de revoir Born to be on air! dans le paysage. On n'est jamais à l'abri d'une phrase choc, d'une réaction imprévisible tant le manga peut partir dans tous les sens. Un vrai plaisir. Quand arrivera le tome 5 ? Il semble que la parution japonaise n'ait pas trop avancé aussi il faudra peut-être attendre l'année prochaine pour connaître la suite.
Un peu plus de bla-bla est disponible ici.