Scission totale...

Alors là, on a fait fort. Très fort ! Bragal, quatrième tome de la série, toujours dans le Cycle des Origines. Et si, comme de par hasard, on demeure toujours sur une structure similaire à ce que Jean-Charles Gaudin proposait pour ces tomes précédents, je dois avouer avoir ressenti une coupure plus que visible à partir de ce tome, apportant bien plus de mal que de bien.

Laissés pour mort, Marlysa et ses compagnons sont sauvés in-extremis. Il faut utiliser cette pseudo-défaite à leur avantage et assiéger une bonne fois pour toute la forteresse du "Maître".
Pas plus de spoil !

Et c'est l'une des choses qui m'a le plus surpris, de manière assez négative. Il est vrai que de nombreuses œuvres usent de la "fausse mort" ou des résurrections sur leurs héros pour faire rebondir l'intrigue. En soi, pourquoi pas, même si cela devient un cliché quelque peu lourd et que l'on doit maîtriser parfaitement pour faire naître une émotion nouvelle. C'est une technique largement (et abusivement) utilisée par Patrick Sobral dans sa série de bande-dessinée Les Légendaires qui, si elle pouvait être sympathique dans les débuts, ne fonctionne plus guère au bout de la vingt-quatrième utilisation. Dans ce tome, en plus de découvrir que tous les héros principaux ont survécu à des blessures que l'on aurait pu juger mortelles, ils ont l'air de reprendre assez aisément ; bien que, pour une fois, la notion temporelle soit mise à contribution. Le tout donne un sentiment presque triste, montrant que si l'auteur peut se permettre des conclusions tragiques pour ses personnages, on se rend compte qu'il n'y a quasiment rien à craindre pour les protagonistes principaux, qu'ils sont protégés quelque soit le danger. Heureusement (dans une moindre mesure), c'est exactement l'inverse avec les personnages secondaires et c'est ça que j'apprécie dans cette série : le fait que tout peut arriver et que c'est généralement tragique. Pas de deus ex machina un peu forcé. Il n'empêche que les personnages principaux me sont toujours agréable à suivre des leurs aventures.
Un autre point de l'histoire cette fois-ci : la vitesse d'intrigue. J'ai déjà parlé de ce "problème" dans les tomes précédents mais je dois avouer que là, il est multiplié fois cent - du moins est-ce mon ressenti. Le résultat est juste indigeste : on suit une intrigue qui change continuellement, passant de pages en pages qui ne possèdent de lien que les propos, quand ils sont pensés. Une coupure qui se ressent drastiquement et qui offre un rendu maussade quand l'intrigue était déjà un peu faussée antérieurement.

Pour les personnages, outre les propos que j'ai pu tenir précédemment, ils demeurent intéressants et attachants, du moins pour un nombre limité d'entre eux. On commence également à présenter - très brièvement - des antagonistes tertiaires plutôt marrants qui agrémente le tome de situations amusantes dès lors uniquement présentées par un seul et même personnage (Stirius pour ne pas le nommer).

Pour la qualité graphique, on reste sur les mêmes schémas que les tomes précédents : un crayonné particulier, des décors détaillés et sympathiques et toujours cet effet d'exagération sur les blessures ou la sueur.

Bragal est un tome de scission donc dans ce Cycle des Origines, mais rien n'empêche l'action d'être toujours (aussi) divertissante. Un qualificatif qui peut perdre de sa substance lorsque l'on voit l'intrigue aussi tronqué. Cet univers reste sympathique malgré des éléments basiques. Mais il est certain que ces défauts ne font pas permettre à la série de reprendre un nouveau souffle, alors que la plupart des notes moyennes laissent apparaître les offres brumeuses que proposent cette série, pour le moment. A voir pour les prochains tomes et cycles comment la chose va évoluer même si ce n'est pas très glorieux vu sous l'angle des tomes déjà publiés.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !