Dernière histoire que j'ai pu me procurer de ce bon vieux Brick Bradford.
Les éditions Serg ne sont clairement pas aussi méticuleuses que Futuropolis ! Bon, niveau impression, ça passe, en revanche les textes, c'est vraiment du caca : plutôt que de lettrer à la main, ils ont opté pour une typo dactylographiée bien moche, bien froide. Ça casse complètement la page !
Sinon, les dessins ne sont pas top ; j'avoue qu'après cette histoire de la forteresse de la peur, vu les progrès du dessinateur, je m'attendais à quelque chose d'un peu plus flamboyant. Cela reste bien correct, y a de bonnes choses, mais les personnages sont un peu trop statiques. Il y a aussi quelques problèmes de proportions qui font sourire, notamment lorsque le méchant fait un signe de la main, à plusieurs reprises elle est dessinée bien trop petite comparé à la tête. En plus, le format strip empêche de jouer avec la hauteur et comme les personnages tombent ou sautent beaucoup dans cet album, ce type d'action est assez mal mis en valeur. À un moment, l'auteur aura l'audace de dessiner verticalement, ce qui veut dire que le lecteur doit tourner sa page pour voir le dessin correctement (un plan du géant en fait, ce qui permet de bien saisir sa dimension puisqu'on a enfin une case plus haute que large). Gray trouve tout de même quelques solutions graphiques intéressantes face à quelques problèmes de dimension comme par exemple l'ombre du géant qui se rapproche permet d'éviter des plans trop éloignés dans ces petites cases et donc de 'filmer' les personnages de leur point de vue et non de celui du géant. Il y a quelques chouettes décors aussi, de bons combats aériens (plus lisibles que dans les précédents tomes même si le dessinateur maintient ses lignes de déplacement). Le jeu d'ombre fonctionne moyennement , ça fait un peu pâté. Le découpage fonctionne bien même si, forcément, le mode de publication (un strip à la fois) oblige les auteurs à répéter les mêmes info ou au contraire à passer du coq à l'âne.
La narration en prend aussi un coup, forcément, c'est surtout drôle lorsque l'étourdi Buck fait une gaffe : on le traite immédiatement d'idiot et lui se soumet à l'insulte... j'imagine qu'avec un découpage différent, les auteurs auraient évité ce genre de coup rapide qui a pour conséquence de rendre certaines répliques hyper insultantes et irrespectueuses, surtout de la part d'un héros. Et puis bien sûr il se passe peut-être un peu trop de choses en une histoire, mais bon, le scénariste exploite bien chacune de ses idées et puis surtout, le tout converge vers cette attaque du géant tant attendue ! C'est la bonne époque où les auteurs ne grillaient pas toutes leurs cartes dès les premières pages.
Bref, malgré des maladresses narratives et graphiques, cette aventure reste assez sympa à découvrir.