Passé entre les doigts de Danijel Zezelj, artiste croate mais aussi petit frère d'Edouard-aux-mains d'argent, le conte populaire du Petit chaperon rouge renoue avec sa violence originelle.
Point de capuchon rouge ou de petits papillons, le trait est sombre et incisif. Cette omniprésence du noir acéré marque la rétine telle une toile de Pierre Soulages.
L'histoire galope rapidement, sans fioriture et ni même un mot. La chute est irrémédiable. Le travail sur les points de vue participe à cette giclée de violence. On savourera avec un plaisir malsain l'arrivée de la jeune fille dans la chambre du crime...
L'auteur nous propose une réflexion remarquable sur la perte de l’innocence. A l'instar du choix du titre, notre chaperon a perdu sa petit esse et sa candeur originelle. Il conserve cependant son rouge, en écho à la cruauté du monde... Après le dénouement connu de tous, une suite des plus tranchantes nous est d'ailleurs proposée pour le plus grand plaisir de nos yeux curieux...