Violence à tous les étages
J'apprécie énormément Bercovici. Il est un peu le Trondheim de Dupuis. Un jour, lors d'un festival, il s'est mis en tête de faire non pas les 24h de la BD mais bien les 48h, seul! Les gens pouvaient ainsi le voir à une table en train de fabriquer une BD de 48 pages. J'ignore ce qu'il en a fait, si cela a fait l'objet d'une publication, mais là je dis chapeau! D'ailleurs c'est bien simple l'auteur a une production phénomènale d'albums. Evidemment il n'aura jamais plus un succès aussi retentissant que pour Les femmes en blanc. Mais il essaie d'autres trucs, avec divers scénaristes, sans se soucier même de l'impact des ventes (il suffit de voir le nombre de fois qu'il a collaboré avec Cortegginani malgré le peu de succès que rencontre cette collaboration). En gros c'est un boulimique qui veut raconter toujours plus d'histoires sans pour autant, comme ses collègues Trondheim ou Sfar, vouloir bouleverser le monde de la BD. Berco, il est bien dans ses petits souliers et c'est ce qui le rend sympathique.
Je ne connaissais pas encore ce Gilles Dal. Et bien il m'a convaincu. Son ton amène de la fraîcheur au journal de Spirou sans pour autant en renier l'esprit bon enfant. Les personnages qu'il écrit sont tous assez savoureux dans leur bêtise et l'auteur arrive à dépeindre réellement l'absurdité des querelles de voisinage. Mais vraiment ce qui m'a plu, c'est la volonté de vouloir exploiter son thème à fond, de choisir des sujets de disputes différents et surtout d'ajouter une touche d'exotisme en situant les histoires à des époques différentes. Bon tous les gags ne fonctionnent pas autant, mais dans le globalité il y a de quoi ravir le lecteur.
Côté graphisme, je trouve que Bercovici s'améliore, j'aime beaucoup son trait et sa façon de faire des pleins et des déliés. A cela il ajoute des détails qui font plaisir lors d'une relecture ou si l'on aime simplement s'attarder longuement sur les cases. Ses cadrages sont certainement peu variés mais ça marche. Un peu comme les vieux films pour lesquels la grammaire cinématographiques n'était pas encore très développée: ça ne bouge pas beaucoup mais l'histoire prend le relais. Après tout, pas besoin d'un surdécoupage pour raconter une histoire. Et bien pareil ici, j'aime bien ce côté à la limite théâtrale pour ces scénettes de vie.
Bref, Chers voisins est un album drôle et j'espère que ça ne s'arrêtera pas à un album.