Cette BD est dédiée à Bernie Wrightson.
Clairement, Lefeuvre est fan et s'inspire de ce qu'a fait ce génie du dessin. Sans jamais l'égaler, c'est certain aussi. J'aime beaucoup ses dessins d'une manière générale. Mais j'ai l'impression qu'il retouche trop ses dessins sur son ordinateur, pour ajouter du blanc. Et c'est un peu dommage. Je trouve aussi que parfois il mélange des techniques différentes et ça manque d'homogénéité : je le préfère dans ses grosses masses de noir, où les détails sont suggérés, que lorsqu'il applique une multitude de traits (même si ça reste très sympa). Son découpage est globalement efficace. Sa typo ne fonctionne pas : réalisée à l'ordinateur, ça manque de vie, de dynamisme, ça tue même son dessin, ça l'aplatit, ça le refroidit dans le mauvais sens du terme.
Ses récits sont sympas. On reste parfois sur sa faim. Cette anthologie fait penser à ces films à sketches, c'est sympa, mais parfois j'attendais que l'auteur aille plus loins dans ses idées (je sais que ce n'est pas évident d'approfondir les choses en si peu de pages mais dans ce cas il aurait pu retirer une histoire pour avoir plus de place pour les autres). Le ton (un narrateur qui raconte directement au lecteur comme s'il s'agissait d'une mise en garde sur un ton familier) est plutôt sympa aussi. Et les histoires partent chaque fois d'une bonne idée.
Bref, ça se lit plutôt bien, y a de belles pages, des histoires sympas. C'est juste dommage que l'auteur n'ait pas bénéficié d'une 40-aine de pages supplémentaires non pas pour raconter d'autres histoires mais pour enrichir ses récits. C'est possible, je pense qu'en étant plus concis, l'auteur aurait gagné de la place pour développer ses idées, un peu comme dans les pulps des années 40.