Des histoires de Deadpool, il y en a plein. Mais celle-ci est vraiment bien. Et dire que le personnage est apparu par la petite porte, encore bien loin de ce qu'il allait devenir et dont la renommée se fera doucement.


Crée en 1991, Deadpool n’était qu’un ennemi de plus dans une série qui allait s’arrêter, The New Mutants. Mais ce décalque d’un personnage du concurrent DC Comics allait trouver au fil de ses apparitions successives une identité plus marquée, autour d’une personnalité moralement ambiguë et d’un humour de plus en plus prononcé, pouvant aller plus loin que celui de Spider-Man dans la référence et la violence. Deadpool sachant qu’il est un personnage de fiction, il peut tout briser, le sérieux académique des comics, quelques nuques et même le classique 4ième mur.


Le personnage rencontre progressivement le succès, à qui il roule plein de pelles,, lui autorisant même des films à sa gloire tandis que différents auteurs vont s’intéresser au mercenaire rouge et noir. Les apparitions se sont multipliées, et tout ne se vaut pas.


Mais s’il ne fallait conseiller qu’une poignée d’histoires, le premier arc de la reprise en main de la série en 2013 par Gerry Duggan et Brian Posehn est une belle petite réussite. Bien que signée par deux débutants dans le milieu des comics, ces six épisodes proposent tout ce qu’on peut attendre d’une aventure de Deadpool, à savoir une histoire que seul Wade Wilson est capable d’encaisser.


Car il ne s’agit rien de moins que la menace de présidents américains revenus à la vie par un nécromancien amateur bien inconscient. Le corps est putride, l’esprit est dérangé. Menée par Georges Washington, cette folle équipée présidentielle est bien mécontente de l’Amérique actuelle et veut la mettre à feu et à sang pour tout recommencer à zéro. On pourrait les entendre crier « Make America Great Again ».


L’agence gouvernementale du SHIELD est bien embêtée, elle ne peut pas envoyer ses plus propres héros s’en prendre à ces figures historiques respectées. Deadpool est la solution, toujours prêt à se cogner à tout ce qui bouge, y compris le plus improbable. Deux millions de dollars ne seront pas de trop, mais le mercenaire est bien content de s’acquitter de cette mission qui lui semble même héroïque, alors qu’il s’agit d’une tâche plus salissante que respectable.


Le ton est assez décomplexé, l’action occupe la majeure partie des cases. Les plans de ces zombies ne sont guère compliqués, mais Deadpool va tenter d’y répondre comme il peut, de façon assez improvisée. Mais avec une certaine dose de tripes et de sangs, de coups d’épée dans la chair, et d’autres coups sous la ceinture. Un affrontement contre un Roosevelt en chaise roulante ne sera qu’un apéritif, il faudra ensuite affronter un autre Roosevelt, Teddy, en plein safari, défier Lincoln dans un match de boxe avant un final apocalyptique devant les lieux de mémoire de Washington (la ville). Tous les présidents y passent, même si c’est parfois de façon expéditive, surtout pour les moins connus.


La satire est légère sur cette Amérique décadente, l’humour emploiera d’autres moyens. Les références sont nombreuses, les clins d’œil à la politique américaine et aux présidents en question échapperont à certains, même s’il n’y a rien de bien obscur. Comme à son habitude, Wade Wilson ne peut s’empêcher de faire des blagues, des plus faciles aux plus jouissives, au grand désarroi de son entourage.


Cette nouvelle série élargit d’ailleurs le cercle des personnages gravitant autour de Deadpool. Le Dr Strange y fait une apparition, mais d’autres sont mobilisés, offrant à cet arc une équipe un peu maladroite mais soudée autour de son objectif, défaire ces politiques. Benjamin Franklin fait une apparition en tant que fantôme, mais ce n’est pas la première fois, et l’animosité de Strange à son égard n’est pas oublié, un régal pour le fan mais qui sera expliqué pour les autres dans une note. Mais il y a aussi Preston, l’officier du Shield en charge de cette mission impossible, et Michael, le nécromancien responsable de tout ce merdier, un patriote maladroit à l’allure surprenante, entre l’agent du shield et le vagabond pouilleux. Ces personnages permettent de souligner la différence du personnage de Deadpool, prêt à tout, à l’esprit déjanté, mais dont les auteurs ont tout de même atténué l’ambiguïté, juste un peu, pour en faire un personnage plus sympathique et moins amoral.


Pour illustrer cette histoire, Marvel a eu la bonne idée de recruter Terry Moore. Ce dernier a été le dessinateur des six premiers numéros de Walking Dead et l’illustrateur de ses couvertures pendant deux ans, c’est un habitué de la chair putride, présidentielle ou pas. Son trait nerveux et son sens de la composition font des merveilles pour ces pages remplies d’action, mais qui ne sacrifie rien à l’expressivité de ses personnages. On reconnaît d’ailleurs assez bien les présidents, et s’ils sont tous assez colériques, ce n’est pas le cas de Deadpool, qui passera par bien d’autres étapes.


Dans un univers Marvel et ses super-vilains classiques, la menace est ici non seulement originale, mais bien exploitée. L’histoire est sans grande profondeur, mais pourtant terriblement accrocheuse grâce à son rythme mouvementé et son humour incessant. Terry Moore ne sacrifie pas la douce folie de cette aventure qui tient toutes ses promesses, du fun, du fun et du fun.


La suite de la série est hautement recommandable, avec un troisième tome excellent.

SimplySmackkk
7
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le 1 déc. 2020

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