Laborieux

Je comprends l'idée : insister sur la manière dont l'irruption de la démocratie à Athènes n'allait pas de soi, et fut fort incomplète.

Mais franchement, il y a un peu trop de personnages et d'intrigues secondaires pour le bien du livre.

On suit donc Léandre, un Athénien qui campe avec ses camarades peu avant la bataille de Marathon qui va installer Athènes en championne du monde grec. Avant la bataille, il se remémore sa vie. Une vie bien mouvementée, dont je ne vais pas recenser toutes les péripéties. Son père, marchand qui le verrait bien prendre sa succession, faut une victime de l'épuration qui suivit l'assassinat du tyran Hipparque. Un duo de personnages qui miment la démocratie mais en fait tiennent la cité d'une poigne de fer, Isagoras, allié au roi de Sparte Cléomène, saisissent toutes les possessions de la famille. Athènes sombre dans la déliquescence, l'art oratoire étant utilisé pour détourner des vrais problèmes en excitant des passions viles. Pendant ce temps, Léandre, qui réalise qu'il n'est pas du bois dont on fait les guerriers et n'a pas les ressources pour venger son père, s'est découvert une vocation artistique et aussi un béguin pour la jeune Héro, qui devient hélas assistante de la pythie de Delphes. L'occasion de voir combien l'oracle est un enjeu de géopolitique entre les différentes cités grecques.

On se demande bien où tout cela va, car l'ouvrage prend un malin plaisir à décrire une situation chaotique dans laquelle tout change constamment, chacun faisant alliance avec son ennemi de la veille pour des raisons bonnes ou mauvaises.

Et puis dans le dernier tiers arrive Clisthène, personnage charismatique mais aux intentions peu claires. Il semble avoir un plan. Lorsqu'on propose son ostracisme, il s'en réjouit. Et puis, une fois le moment venu, il annonce sa réforme : diviser l'Attique en trois zones (cité, littoral, campagne), et donner à chaque dème une de ces trois zones. Le but est de créer un brassage qui évitera que les nobles gardent leur emprise sur les institutions. Et en effet, même si les luttes et les problèmes continuent, un système plus sain voit le jour.

L'ouvrage se clôt sur les soldats grecs, tous brassés, fondant contre les troupes perses. Le vivre-ensemble c'est aussi un peu le mourir-ensemble.

Comme dit au début, si le véritable héros (au combien ambigu) est Clisthène, je trouve que le livre aurait gagné à se centrer sur lui. En l'état, en tout cas, ce livre pas inintéressant sera trop dense pour un collégien, et pas assez centré (ou trop ?) centré sur le contexte historique pour un lycéen.

A noter, comme toujours dans cette collection, un glossaire et des appendices très fournis.

Démocratie est un essai loin d'être inintéressant mais assez laborieux. Vouloir couvrir autant d'aspect de la vie au Ve siècle av. J.-C. à Athènes était un exercice périlleux, et je ne suis pas sûr que les auteurs y soient arrivés de manière pleinement efficace.