Les trois bandes dessinées « Déserteur », « Cafard » et « Dansker » forment une trilogie sombre et dense narrant la vie du père de l'auteur Halfdan Pisket.
L'histoire débute dans les années 60/70, à la frontière entre la Turquie et l'Albanie. Le père de Haldan Pisket est alors un jeune homme plein de rêves et d'espoirs. Malgré les sombres souvenirs du génocide arménien, le quotidien du jeune homme semble joyeux jusqu'à ce que son meilleur ami sois tué par les sans-visage. Ces gardiens de l'ordre tyranniques vont amener à déclencher une terrible guerre. Profondément choqué par cette perte et par le chaos faisant irruption dans son quotidien, le jeune homme vie sa première crise d’épilepsie. Drame familiale, torture, épilepsie, la vie du jeune homme va alors être lentement brisée. Sans en dire trop sur le début du récit, nous allons alors suivre un long combat pour la vie. Que ce sois dans une Turquie qui a changée du tout au tout et où la pression de la famille est difficile à vivre où dans son exil à l'étranger, le personnage principal va constamment chercher sa place dans le monde.
Une fois au Danemark, il va travailler dans d'horrible conditions tout en découvrant une manière de vivre totalement différente. Entre maladie, trafic de drogue, difficulté a aimer, magouille pour rester en Europe..
Ainsi, cette bande dessinée ressemble à une lente lutte toujours plus sombre et étouffante. Pourtant, l'auteur arrive à montrer l'humanité de son personnage, ses faiblesses et sa force avec une grande subtilité.
On découvre également sous un autre regard l'immigration et sa difficulté due à un passé et à des croyances brisées. La lecture n'épargnant rien, crises d’épilepsies, violence morale et autres mauvaises passes du personnage.
La narration de cette œuvre n'est pas des plus simples mais s'avère d'une grande intelligence. L'auteur jongle dans le passé entre fil-rouge et flashback amenant un mystérieux rythme à la lecture ce qui est justement recherché.
Le dessin est d'une grande beauté. Fébrile mais dense, sombre mais lyrique.. Couplé à une narration recherchée, s'est assurément la grande force de cette histoire. L'auteur arrivant autant à montrer le quotidien des personnages que l'invisible comme la peur, l'incompréhension ou la maladie.
Cette trilogie est une œuvre unique et un très beau témoignage rendu magnifique par un dessin d'une grande richesse. Une lecture difficile mais qui vaux le détour et un auteur au style singulier à suivre avec attention.