Dites-moi que j'existe nous raconte la vie de Shôko, ou plus exactement la sienne et celles des personnes gravitant autour d'elle avec plus ou moins de bonheur. Son petit ami, volage, qui affirme se sentir démuni sans elle mais la trompe régulièrement. Sa mère, qui ne jure que par son grand frère au point de devenir obsessionnelle, et n'a jamais accordé la moindre importance à sa fille. Son frère, avec qui elle n'a jamais vraiment parlé. Sa "sensei", qui l'emploie comme assistante mais semble surtout vouloir s'offrir son amitié, dans une relation tout sauf saine. Et enfin le petit ami de cette dernière, lui-même mangaka.
Bien que le manga fût publié dans le Betsuma, nous avons donc un panel de personnages adultes, avec des problèmes d'adultes : relations amoureuses, emplois, loyers, salaires, pressions sociales et familiales, autant dire que la plupart d'entre eux ne vont pas bien. Shôko souffre de sa relation avec sa mère, qu'elle finit par accuser de tous les maux, tandis que Maki se plaint que son succès a fait fuir tous ses amis, alors que c'est vraiment sa personnalité méprisante qui agit comme un repoussoir.
Dites-moi que j'existe s'offre un cadre réaliste, et des protagonistes eux-mêmes crédibles dans leur imperfection. Pour autant, il ne s'agit pas simplement d'un drame, dans la mesure où l'héroïne cherche à mettre un terme à sa vie dissolue, à aller de l'avant, tandis que ce manga renferme de nombreux moments drôles, touchants, ou enivrants. Il s'agit d'un titre très satisfaisant, notamment car les tuiles ne tombent pas sur les personnages juste parce qu'une mangaka sadique aurait eu envie de les mettre dans les pires situations. Elle maintient sans cesse une forme d'équilibre, faisant que même si les galères et les douleurs de ses héros peuvent nous toucher, nous savons qu'ils seront capables de lutter et de s'en sortir. Il s'agit donc d'un titre tout sauf déprimant. Ce fût une très belle lecture, une de mes meilleures depuis le début de l'année.