Au-delà des nuages ... le rêve
Même si vous n'êtes pas un fanatique de l'aviation (ce qui est mon cas), vous pouvez avoir une certaine sensibilité pour les belles carrosseries (là c'est carrément mon cas !) et le dessin...
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le 30 juil. 2017
Un an après le succès de son « album à sketches » Le Dernier Envol, Romain Hugault s’attaque à Au-delà des Nuages, sa première histoire complète, divisée en deux tomes. Régis Hautière est également de retour au scénario.
Au-delà des Nuages tome 1 : Duels s’ouvre de façon spectaculaire sur la Cordillère des Andes, superbement reproduite à grands renforts de teintes de bleu toutes plus belles et éclatantes les unes que les autres. Pierre, notre héros, est un pilote de l’Aéropostale en bien fâcheuse posture : panne sèche au-dessus des montagnes, atterrissage catastrophe au-milieu de nulle-part, bras et côtes cassées, le verdict semble sans appel. Coup de chance, un Catalina venu filmer un documentaire et piloté par un Américain casse-cou appelé Alan passe par-là. Un redécollage ahurissant plus tard et voilà notre Pierrot national sain et sauf, et ami pour la vie avec son sauveur étoilé.
Saut dans le temps de quelques années, l’Aéropostale a déposé le bilan et Pierre est devenu pilote d’essai pour Caudron, constructeur numéro un de la France d’entre-deux guerres – ce qui donne lieu à un joli clin d’œil à Sean Connery dans Goldfinger lorsque Pierre enlève sa combi pour révéler un superbe costard. Il est en couple avec Marie, une charmante actrice ce théâtre abonnée aux petits rôles, et tout semble aller pour le mieux lorsque son chemin recroise celui d’Alan, devenu cascadeur pour le célèbre milliardaire Howard Hughes, mécène de cinéma et fana d’aviation. Il tuyaute Marie pour un rôle à Hollywood, ce qui la conduit à s’installer aux States et à attiser la jalousie de Pierre, qui va bientôt se transformer en rivalité acharnée lorsqu’Alan et lui deviennent pilotes de course en France puis aux USA.
Tout ce qui faisait le charme du Dernier Envol est de retour dans Duels : des appareils racés, parfaitement dessinés et mis en couleurs par Hugault. Ignorant jusqu’à l’existence de ces courses d’avions d’avant-guerre telles que la coupe Deutsch de la Meurthe et la Van der Bilt Cup, ce fut un régal de découvrir des appareils jusqu’alors inconnus. Sa représentation des personnages s’est beaucoup affûtée en un an ; toujours adepte de belles femmes à forte poitrine, RH soigne tout particulièrement le personnage de Marie – on comprend que nos deux pilotes perdent la tête pour elle !
En parlant de ces zigotos ; c’est malheureusement là que le bât blesse un peu – niveau écriture, car graphiquement il n’y a rien à redire, tous deux ayant un joli look rétro, Pierre étant basé sur le légendaire héros de l’Aéropostale Jean Mermoz, cheveux en brosse à l’appui, tandis qu’Alan arbore une jolie moustache à la Clark Gable. Malheureusement, alors qu’il est censé être le héros (c’est lui qui assure l’intégralité de la narration, après tout), Pierre est tout simplement trop froid et antipathique, à tel point qu’on ne peut en vouloir à sa chère et tendre d’aller se réconforter dans les bras du bel Amerloque, qui pour le coup n’est pas si mauvais bougre que cela !
Cette idée de narration à la première personne n’est d’ailleurs pas la plus inspirée qu’ait eue Régis Hautière pour ce diptyque. Il y a de belles métaphores par-ci par-là mais d’une manière générale la qualité du texte n’est pas au rendez-vous. Et puis quand on a un artiste comme Hugault, autant laisser parler le dessin ! Ce n’est pas seulement vrai des scènes aériennes, il y a en fin de récit un montage sur les retrouvailles difficiles entre Pierre et Marie qui est très joliment mis en scène et aurait été encore meilleur sans le monologue intérieur ronflant dont nous gratifie Hautière.
Il convient d'ailleurs de noter que le propos de l'album est assez sombre et mature, bien plus que ce que la couverture (et le titre de ma critique, je l'avoue) pourrait suggérer. Cela lui donne un petit côté Michel Vaillant qui n'est pas déplaisant : les couleurs sont vives et le ton parait globalement léger, mais le danger guette nos personnages à chaque instant. Ce n'est pas de la rigolade, comme l'un de nos héros l'apprendra à ses dépens...
Et lorsqu'un chapitre se termine en 1939 sur le visage d'Adolf Hitler, on sait que ça ne va pas aller en s'améliorant...
Créée
le 3 févr. 2019
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