Proposer une suite à un film en comics, ça peut donner de belles choses. A condition d'avoir des artistes talentueux et inspirés qui arrivent à s'approprier l'univers de base, tout en ayant compris pourquoi il fonctionnait (les Prometheus de Paul Tobin et Juan Ferreyra récemment en sont un exemple, les Big Trouble In Little China de Eric Powell en sont un autre). On peut aussi convoquer les artistes à l'origine de l'univers adapté pour garantir une certaine cohérence (Chuck Palahniuk et sa suite à Fight Club). Malheureusement, ici, on a juste un bête produit dérivé, produit à la va vite, réalisé à la va vite, si vide qu'il se lit presque aussi vite qu'il s'oublie. Retrouver le personnage le plus emblématique de l'univers de Burton, et ses étranges buissons sculptés n'est pas un plaisir suffisant face au manque d'inspiration d'une histoire qui réchauffe les idées du film (bouh, un vilain garçon-machine incompris par une populace toujours aussi idiote et prompte à brandir ses fourches), sans comprendre que sans prendre le temps de nous attacher aux personnages il ne pourra rien en ressortir. Comment ressentir la cruelle injustice de la situation si, à l'origine, on se fiche pas mal de ce qui arrive, et qu'à la rigueur, on se demanderait presque pourquoi ça arrive? Outre le vague plaisir de replonger dans cet univers (plaisir terni par la paresse de l'ensemble), il reste à la rigueur le parti pris graphique, hélas peu convaincant tant il manque de poésie et de mystère en cherchant à bêtement recopier un style "à la Burton". Voilà ce qu'est cette suite d'Edward Scissorhands version papier : un énième moyen de profiter encore et encore d'un univers exceptionnel en laissant des charognards sans talent se l'accaparer et lui arracher jusqu'à sa dernière miette d'innocence, de poésie et d'intégrité.