De l'art de l'absurde
Lorsque l'on songe à un magazine centré sur la bande dessinée, on a tendance à répondre bien rapidement "Fluide Glacial". Seulement, Psikopat est également une institution dans cette frange si...
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le 5 janv. 2016
Lorsque l'on songe à un magazine centré sur la bande dessinée, on a tendance à répondre bien rapidement "Fluide Glacial". Seulement, Psikopat est également une institution dans cette frange si singulière du magazine. Donnant leur chance à pas mal d'auteurs, jeunes et moins jeunes, la vieille revue permet de découvrir quelques nouveaux talents. On peut citer par exemple Emmanuel Reuzé.
En effet, le jeune homme officia dans le magazine Psykopat en imaginant quelques gags ou courtes histoires hautement absurdes. L'ensemble de son travail est réuni ici dans la bande dessinée nommée : Gare ! La moustache au poitrail.
En lisant les histoires de Reuzé, on pense forcément au travail de Michel Hazanavicius pour Le Grand détournement : la classe américaine. Véritable bijou du détournement de films, une institution qui engendrera, plus tard, quelques dignes héritiers comme Mozinor. En quoi une bande dessinée peut-elle ressembler à un détournement de vieux films ? Tout simplement dans le fait que Reuzé ne cesse de jouer sur une distanciation entre la forme et le fond.
Reuzé use d'un style graphique très ancien, daté, faisant penser aux vieilles bandes dessinées franco-belges des années 60 du style Buck Danny. Pourtant, le propos, ou les dialogues, étonne puisqu'il tranche avec le dessin. On trouvera par exemple une histoire de braquage où tous les protagonistes parlent comme des enfants de trois ans ou encore le récit d'un siège d'une maison ordinaire où les gérants d'un centre commercial veulent forcer le mari à dépenser son argent via des bons de réduction.
Certaines histoires sont purement absurdes mais d'autres démontrent un certain sens critique. La farce ne se contente pas de faire rire, elle permet d'approcher (bien entendu par à la manière d'un sociologue) une réalité. Le plaisir de la lecture est là, de bout en bout, des marins crétins au Tarzan vulgaire de la fin. Un humour tout en décalage qui ne plaira pas peut-être à tout le monde mais qui a le mérite de sortir des sentiers battus de la bande dessinée.
Créée
le 5 janv. 2016
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