Gemma is a gem
Ce "roman graphique" est une réussite extraordinaire. Posy Simmonds adapte avec une intelligence rare Madame Bovary, le chef d'œuvre de Flaubert, pour faire un autre chef d'œuvre de la bande...
Par
le 24 févr. 2015
2 j'aime
Quelques années avant la réussite absolue que constitue "Tamara Drewe", Posy Simmonds avait expérimenté son concept génial de mash-up littérature classique et BD avec ce fascinant "Gemma Bovery", qui ajoute en plus un degré de mise en abyme en offrant un scénario actualisant / reflétant de nos jours le classique absolu qu'est la "Madame Bovary" de Flaubert. Tout cela est tellement brillant d'ailleurs que c'en est presque trop - et cet excès de sens et d'intelligence devenait clairement un problème dans l'adaptation cinématographique maladroite récente d'Anne Fontaine... Offrant donc une chronique assez réjouissante des déviances bobos aussi bien britanniques que françaises, Posy Simmonds nous propose un long jeu de piste à la recherche de la vérité sur la mort tragique (accident ? crime ? destin ? hasard ?) d'une jeune Anglaise dans la campagne normande : à travers la lecture du journal intime de la jeune femme, aussi bien que les souvenirs d'un boulanger voyeur et manipulateur, nous voilà happés par les mystères de vies pourtant bien ordinaires - entre ragots, pression sociale, tentations adultères, lâcheté et conformisme. Les révélations finales, bien amenées, achèvent habilement de ridiculiser les discours prétentieux de l'intellectuel français, et de confirmer toute la trivialité de l'histoire que Posy Simmonds nous a conté. "Gemma Bovery" est donc un ouvrage passionnant autant qu'original de par ses différents degrés de lecture (oui, oui, on peut aussi le lire comme une nouvelle version de "Madame Bovary"...) ; par contre, il n'atteint pas la perfection absolue de "Tamara Drewe" parce que Simmonds ne maîtrise pas encore complètement l'équilibre magique entre mots et images, et que la partie "littéraire" est par instants trop envahissante vis à vis de la partie "dessinée", créant ça et là une impression de tunnel narratif. Un petit bémol seulement pour un livre absolument recommandable. [Critique écrite en 2016]
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Créée
le 21 avr. 2016
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