Hello Fucktopia
6.7
Hello Fucktopia

BD franco-belge de Maliki (2014)

Paris c’est la jungle. C’est marrant de dire ça à un campagnard mais en vrai ce n’est pas si loin que ça de la réalité. Et c’est dans cette jungle des années 90 que Mali, jeune étudiante en art plastique, décide de s’installer sur Paris. Toute cette partie n’est pas présente dans la BD mais se ressent tout le temps.
Hello Fucktopia c’est un peu l’histoire de cette jeune fille qui va tenter de débroussailler sa jungle personnelle. Elle est jeune, un peu conne, rebelle, droguée et alcoolique. Son modo c’est « Fuck the World », je fais ce que je veux, quand je veux et comme je veux.
Du coup elle va sécher les cours parce que ça la fait chier, elle va draguer des mecs pour se bourrer la gueule puis se casser à l’insu du débile lui ayant payé le verre, etc etc vous avez compris l’idée.

Ce récit, qui tient plus d’un journal des emmerdes qu’autre chose, est autobiographique. Souillon prend à partie le lecteur au début en lui disant que ces événements lui sont « arrivés ». Bon c’est sans doute un peu romancé pour que l’histoire puisse être ici racontée mais c’est vrai que la loi de Murphy me semble plutôt réaliste ici tant le délire du rebelle anticonformiste dans les arts plastiques me fait penser aux L baba cool qui trainaient devant le lycée où j’étais il y a de ça quelques années.

Je vois pas mal de personnes pester contre la fin, mais la finalité de l’histoire en fait on l’a entre nos mains. Est-ce que ça s’est amélioré ? Est-ce qu’elle a pu sortir une BD, vivre son rêve ? Oui puisque j’ai la BD entre les mains et donc que presque toutes les réponses tiennent en ce simple objet. Du coup l’ensemble de l’œuvre m’a plutôt paru comme un « Moi, ma vie, mes emmerdes », emmerdes dont l’auteur voulait définitivement parler et montrer que même si parfois la malchance vient toquer à la porte, c’est toujours possible de rebondir, faut se donner les moyens, et avoir un trèfle à quatre feuilles c’est évident.
Du coup dans une idée de road-trip des chiures de la vie, la BD s’en sort plutôt bien vu que ces dernières s’enchainent à une cadence assez effrénée et donc sur un laps de temps très court. L’ensemble de l’ouvrage faisant 80 pages on ne trouve pas le temps de s’ennuyer. On regrettera juste que l’ensemble, malgré son dynamisme tout à fait appréciable, ne dure au final pas plus longtemps. Car on sent que c’est une BD très personnelle, mais le problème qui en découle est simple : chaque lecteur ne pourra pas en sentir toutes les subtilités ni comprendre les motivations et caractères de tous les personnages. Une petite vingtaine de page supplémentaire n’aurait donc pas été du luxe.
L’autre gros problème posé par l’idée d’ « histoire réaliste » est qu’on ne sent pas vraiment où l’auteur veut en venir. D’accord la fin est une note d’espoir, d’accord le personnage n’a pas de chance, quoiqu’elle force un peu le destin, mais le propos global de la BD ne me semble pas assez bien exposé ni exploité et c’est là le principal reproche que j’ai à faire en plus de trouver la fin assez expédiée.

Mais là où il faut saluer le travail c’est au niveau du coup de crayon. Je ne suis pas un expert du dessin, loin de là, mais je sais pourquoi j’aime les choses. Le mélange manga/BD franco-belge marche du tonnerre et offre un cachet visuel très frais à l’ensemble de l’œuvre. On baignera tour à tour dans des couleurs chaudes puis froides, se laissant porter par des personnages au design charismatique, héroïne en tête de liste bien sûr. Du coup le dynamisme offert par les planches permet de savourer des planches qui bougent constamment sous nos yeux et semblent ne jamais s’arrêter.

Hello Fucktopia est donc un album très voire trop personnel car même si on sent l’envie de l’auteur de présenter son histoire au monde, et une véritable recherche en ce sens, il se heurte aux frontières du partage direct. Heureusement le coup de crayon et l’humour corrosif de l’œuvre ainsi que son histoire globale, et non sa finalité, laisse quand même une petite emprunte pas désagréable. A la fin de la lecture il y a ce petit truc qui fait qu’on sait qu’on a lu une bande-dessinée perfectible mais pas non plus dénuée de tout intérêt.
Ray
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Créée

le 3 déc. 2014

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Ray

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