Soyons sérieux... 2 minutes
Alors qu’en est-il de Kill la Kill ? Qu’en est-il de cet animé qui, avant même sa sortie, était déjà considéré comme le sauveur de la japanimation par des mecs qui avaient vu Gurren Lagann sans savoir qu’Imaishi avait aussi fait Panty and Stocking et FLCL ? Au final on a eu un mix d’un peu des trois, du bullshit, de l’épique mais aussi du grand n’importe quoi pas forcément justifié.
J’ai pas envie de faire une plaidoirie avant même de commencer cette critique mais quand même. Beaucoup de personnes se sont plaint du fait que ce n’était pas du Gurren Lagann et qu’ils se sentaient volés de leurs fabulations. A aucun moment les créateurs, ou même la série, ne se sont vantés de telles choses. Donc à la sortie de l’épisode 1 on a eu 2 clans diamétralement opposés, je ne compte pas le clan des « meh », d’un côté ceux qui ont pris l’animé pour ce qu’il était, un gros délire perfectible, et les autres qui sont directement montés au créneau en pointant du doigt le méchant fan-service tueur d’animés. C’était juste un point sur lequel je voulais revenir avant de commencer cette critique.
Donc Kill la Kill c’est l’histoire d’une fille qui mange des citrons sans les éplucher. Cette fille, on va l’appeler Ryuko, arrive à « Honnoji Gakuen » pour venger la mort de son père. Sûre et certaine que celle qui règne en chef sur le lycée, Satsuki, est responsable de son meurtre, Ryuko va tenter une rébellion contre un système autoritaire établi à partir d’étoiles qui, plus elles sont nombreuses sur le costume d'une personne, car ce sont des pins, rendent plus fortes. De fil en aiguille (ahah) Ryuko va elle-aussi se trouver un uniforme un peu spécial capable de parler et de la transformer en proxénète du bois de Boulogne. L’héroïne attrape donc sa moitié de ciseau et tente de renverser l’ordre établi tout en vengeant son père.
Le scénario de base est donc assez atypique mais développe assez de thèmes de fond pour qu’on s’y intéresse. Le totalitarisme, le règne par la peur,… Autant de thèmes qui vont n’être que des prétextes pour la suite de l’aventure. Le seul problème est que le scénario est, durant toute la première partie, le cul entre deux chaises. Oscillant entre le comique et le sérieux. Il est donc difficile de se placer et de trouver un juste milieu. Entre les tentatives de parodies ratées et maladroites de l’ecchi et le comique de répétition de Mako, le scénario ne se développe finalement que très tard. Le véritable problème de cette première partie tient aussi dans le fait que les personnages ont l’air de tout prendre super au sérieux avec, de surcroit, une méchante qui pète la classe. Mais entre des alliés parfois trop dans le sérieux et parfois trop dans le comique, impossible de déterminer si, oui ou non, ils ont envie de développer l’ensemble.
La deuxième partie du scénario, quant à elle, révèle son lot de surprise mais aussi de moments bien épiques qui étaient difficiles à imaginer au terme des 12 premiers épisodes. L’ensemble de la trame narrative est devinable avant la fin et tout le monde peut se douter des événements qui vont arriver. Certains interviennent plus tôt que prévu mais ce n’est pas grave car tout est sauvé par la mise en scène complètement dingue qu’offrent les 10 derniers épisodes. Plus qu’un animé qui gère son scénario, Kill la Kill est un animé qui excelle dans ses cliffangers. L’ensemble saupoudré d’une musique complètement dingue sur laquelle on reviendra plus tard.
Je vais m’en tenir là pour la deuxième partie, pas envie de trop en parler pour ne rien gâcher. Sauf que voilà, la terre promise de ces 10 derniers épisodes passe aussi par de nombreux épisodes mous du genou. Pire encore, la première partie, puisque c’est quand même le gros point faible de l’animé, ressemble plutôt à des tests qu’à autre chose. Alternant entre un épisode avec de l’action et un autre complètement déjanté, l’animé arrive parfois à perdre ses spectateurs. Heureusement que l’héroïne est tout le temps là à brailler que c’est pour venger son père qu’elle est là sinon cette histoire de vengeance aurait très vite été oubliée. Donc voilà, parfois on rigole, parfois on frémit mais à aucun moment un juste milieu est trouvé. Kill la Kill a même réussi à me gonfler dans ses épisodes de baston car on voyait une répétition des plans et des situations, le but étant seulement de montrer « oh tu peux faire ça avec ton uniforme ». C’était aussi des moyens de power up bancals car on y accordait assez peu d’importance. Au final, sans être complètement chiante et dénuée d’intérêt, cette première partie reste quand même une épine dans le pied. Ce qu’il faut savoir c’est que la 2ème partie vaut vraiment le coup d’œil et c’est là qu’on ressent toute la passion des mecs pour ce qu’ils font.
Mais continuons plus dans un ordre logique, on ne va pas mettre la charrue avant les bœufs. Parlons bien, parlons peu, parlons personnages. Encore une fois il est difficile d’en parler sans véritablement spoiler, ce à quoi je me refuse. Restons donc sur le postulat de départ. Ryuko offrait une très bonne première approche, une héroïne charismatique, voulant se rebeller et défier l’autorité. Sauf que… Sauf que Ryuko se révèle au final très difficile à suivre comme personnage. Cela est justifié par son côté immature et en plein bouleversement hormonal mais le fait d’avoir une héroïne qui change d’humeur comme de chemise est déstabilisant. Elle en devient même gonflante quand elle répète pour la millième fois que c’est pour venger son père qu’elle est venue. Le manque de volonté propre du personnage lui nuit (ahah²) gravement et fait clairement perdre de l’impact à l’animé. C’est donc un autre personnage principal dans la seconde partie qui vient insuffler la vie qui manquait définitivement à Ryuko. Il faut bien le noter la principale difficulté de ces animés qui misent tout sur leur côté divertissement est de nous faire adhérer à des personnages, soit par leurs convictions, soit par leurs caractères. Et Ryuko n'a aucun de ces deux critères là. Elle ne se bat pas pour délivrer quelque chose mais à but purement personnel sans se demander "et après ?". En fait on voit une fille dénudée qui se bat pour ce qu'elle pense être juste mais en laissant le spectateur sur la touche vu que son passé, n'étant pas non plus hyper tragique, arrive de manière trop fragmenté. On se reconnait finalement bien plus dans l'antagoniste de la série, ce n'est pas une mauvaise chose en soit mais comme toute la 1ère partie tourne plus autour de Ryuko que de Satsuki, il faut bien l'avouer, parfois on se fait chier assez fermement.
Et puis après y’a les sidekick. Mako, aimée ou détestée, devient bien moins gênante et mieux écrite dans la seconde partie, pareil pour le prof et Tsumugu même si leur moment de gloire a été parsemé de fail en cascade.
C’est aussi un des problèmes des personnages secondaires, ils ne servent, pour la plupart, que de rampes de lancement aux personnages principaux. Pareil pour les Nudist Beach qui, au final, dépensent beaucoup d’argent pour pas grand-chose et sont juste là pour permettre à l’héroïne d’être sur la scène pour l’épisode final. Notons quand même le personnage de Nui qui gagne la palme d’or du « tellement mignon que tu me fais plus flipper qu’autre chose avec ton sourire » (oui les sélections sont pointues). Donc au final mis à part apporter de l’humour, bancal, ils ne servent pas à grand-chose. Mako permet de temps à temps à Ryuko de ne pas "Don't lose your way" mais malgré ça, on note plus sa présence par un "elle est là parce qu'il faut que ça arrive" plutôt que "elle est là parce que de toute façon ça doit être ainsi".
L’humour par ailleurs est assez raté… Il arrive toujours pour désarmer les moments de tension et parfois les faire tomber à plat. La parodie s’installe aussi sauf que, encore une fois, c’est complètement raté. La parodie c’est l’exagération des codes pour s’en moquer. Sauf que tous les plans gras tendent plus souvent à montrer le cul de Ryuko que de se moquer du fait qu’on voit le cul de Ryuko. Le pantsu-shot du dernier épisode confirme à fond cette idée. Donc la parodie du fan-service est foirée et elle n’aide pas la série. Au bout d’un moment le spectateur s’y fait et on en vient même à oublier ça. Jusqu’à ce que les scènes de cul interviennent. Je vais pas m’attarder, ces dernières ne servent à rien, je n’en ai pas compris le sens et je ne vais pas chercher à le comprendre. C’est juste nul.
Mais l’animé a quand même deux très très gros points fort.
Le premier c’est la musique. Qu’on aime ou pas l’animé, il faut reconnaitre que Sawano a craqué son slip. A mon sens il faut plusieurs points pour qu’une soundtrack complète soit exceptionnelle :
- Que la musique colle à la scène
- Que la musique n’aille qu’à l’animé qu’on regarde, pas une musique passe partout en soit
- Qu’elle soit plaisante à écouter en dehors du contexte.
L’ost de Kill la Kill c’est ça mais à une puissance phénoménale. J’avais pas pris autant de plaisir dans une ost depuis 2010. Très bondissante et dans des tons élancés très héroïques, à coup de trompette, de violons puissants et de choir, la musique permet d’ajouter une plus-value non négligeable et rend des moments tout simplement fabuleux (fin de l’épisode 20). La répétition des musiques peuvent quand même lasser, surtout dans la 1ère partie, mais il faut noter quelque chose d'intéressant. En effet la 2nde partie de l'animé est bien plus sérieuse et puissante que la 1ère. Les musiques les plus sérieuses et puissantes ont donc été gardées sous le coude pour l'occasion. L'ost se renouvèle donc constamment parfois avec des thèmes très classiques mais hyper efficaces à la guitare, parfois grâce à des consonances beaucoup plus orientales. On note toujours que Sawano est très inspiré par des chansons aux langues étrangères (Blumenkranz). A noter que "Before my body is dry", "Blumenkranz", "Kiru iya KiLL" (le thème de Nui), sont juste exceptionnelles en terme de compréhension de personnages mais aussi de puissance dramatique ou épique. Peut-être pas la meilleure ost de Sawano mais certainement une de ses bandes-originales les mieux balancées (vivement le 7 mai).
L’autre énorme point fort c’est la mise en scène qui est vraiment géniale. Les effets de grandeur, le moment où le Soleil Nu (je prends la traduction française) est montré,… Y’a vraiment de superbes moments avec des plans de caméra très inspirés et dans les combats, quand c’est animé, il y a vraiment la puissance des personnages qui est démontrée pour permettre de vraiment profiter à fond de ces passages. Mais on regrettera quand même un ensemble au final peut-être un peu timide, pour cause budgétaire. Les personnages glissent sur l'écran au lieu de faire de véritable mouvement
La musique permet aussi, en outre, de rattraper une animation parfois pas terrible. Alors je vais pas non plus tirer sur l’ambulance, ils n’ont pas le budget d’un TTGL, mais encore une fois au fil des épisodes ils ont su montrer qu’ils ne savaient définitivement pas gérer un budget. Certains épisodes sont presque en stop-motion tellement le nombre de frame par seconde est bas. Il y a aussi les passages 3D (CGI), qui sont… Bizarres ? Le moment où Satsuki marche dans l’épisode 3 par exemple j’ai évité d’exploser de rire grâce à la musique mais sa façon de marcher, tranquille sur les murs, est juste hilarante. On ressent aussi une certaine frustration de la part des animateurs qui auraient sans doute voulu en mettre plein la vue en toute circonstance, malheureusement ce n’est pas le cas.
Il me faut aussi aborder le style graphique parce que ce dernier est « différent », ou plutôt, pas classique. Un ensemble très crayonné, des couleurs qui donnent l’impression parfois d’être fait avec un gros feutre pastel qu’on a écrasé sur une feuille de papier tendent à donner un cachet indéniable à l’animé mais surtout une cohérence bienvenue dans l'idée de délire que fait passer l'animé. Le style est donc très agréable et permet aussi une animation de tous les instants. Durant les plans fixes y’aura toujours un truc dans le fond qui bougera donc un tel style, un peu au rabais diront certains, permet aussi de ne pas s’ennuyer, certainement car ça parait moins débile de voir un chien en sauter un autre avec un tel graphisme. De plus, cela colle parfaitement à l’ambiance cartoon et au délire général. Dans l’ensemble c’est passable mais terriblement frustrant. Ca me conforte dans l'idée que c'est un super animé pour lancer un studio mais aussi quelque chose d'un peu trop gros. On dit les yeux plus gros que le ventre.
Vient le moment que tout le monde attend, le célèbre, le fameux… Fan-service. Alors déjà la mauvaise utilisation du terme m’énerve donc on va plutôt dire le « ecchi » hein. Donc cet aspect qui a tant divisé entre ceux qui disaient que c’était voulu et fait exprès pour se moquer et ceux qui trouvaient ça débile et que ça n’importait rien. Ce n’est pas parce que je veux frustrer personne mais je suis entre les deux. D’un côté la nudité est expliquée par le scénario et désamorcée par la gêne de l’héroïne au début quand elle porte l’accoutrement peu convenable. Cela tend à prouver bien qu’il y a une envie de se moquer des codes. Mais d’un autre côté j’ai tendance à me dire que les dizaines de plans péteux en contre-plongée ou les scènes de transformation qui sur-abusent de ces « éléments comiques » ne sont pas non plus complètement innocents. Bref c’est de la moquerie qui sert tout autant comme argument commercial pour les grotakus japonais. Quoiqu’il en soit on a rapidement fait le tour de ce côté et le but du ecchi est quand même d’exciter (enfin je crois ?) et donc lorsqu’on voit 15 fois la même chose sous la même forme, cela perd clairement de son intérêt. Au final sur ce point, parodie peu innocente, surtout lourde.
Il est clairement temps d’arriver à une conclusion et notamment à ce que j’ai pensé de KlK car pour l’instant j’ai assez peu développé mon avis. Dans l’ensemble j’ai adoré. Vent de fraîcheur que je n’avais pas ressenti depuis longtemps ça me permettait chaque jeudi soir de complètement sortir de mes cours et de m’aérer l’esprit et je suis conscient que tout le monde ne recherche pas ça dans un animé... Encore faut-il que la série ait autre chose à présenter. Mais voilà pendant plus de 20 semaines j’ai suivi un animé qui, malgré ses limites et tous ses problèmes, a su me conquérir. Pas intelligent, Kill la Kill tient plus du braindead clairement que de la branlette psychologique. Moins inspiré qu’un Gurren Lagann mais tout aussi enthousiaste dans sa façon d’aborder les choses, la série transforme donc le 1er essai pour le studio Trigger.
Au final Kill la Kill c’est 0% de cerveau et 100% de détente et c’est tout ce que j’attendais de l’animé malgré les fausses promesses d’un scénario plus développé au 1er épisode. Il ne faut pas aller chercher plus loin et qu'on ne me parle pas d'un second degré de lecture beaucoup plus profond et intense, c'est juste du pur divertissement et du temps de cerveau qu'on donne en regardant ça. Il en reste un animé tout aussi oubliable que fun à regarder. En tout cas le dernier épisode nous laisse avec l’idée du devoir accompli et c’est le principal. Les gens auraient clairement plus apprécié si la plèbe n’avait pas sur-vendu l’ensemble avant même la sortie du 1er épisode en brandissant l’étendard « Fait par les gars de Gurren Lagann » tout en oubliant Panty and Stocking et FLCL. On va dire que KlK est le petit cousin de TTGL, pareil mais en plus petit et plus immature, en cinq mots « différents tout en étant pareil ». Si je devais remettre tout ce que j’ai dit dans un contexte qui collerait aussi au côté ecchi ce serait : « Kill la Kill à défaut d’être un partenaire d’avenir est un très bon coup d’un soir ».